Le mouvement Occupy Wall Street, qui a fait des émules à Toronto et dans plusieurs autres villes, est d’abord un événement médiatique.
Tout est «médiatique» quand tout le monde en parle, direz-vous. Mais ici, l’idée originale elle-même vient d’un média, Adbusters, magazine «global» pour un mouvement «global»… «anti-globalisation», qui a frappé l’imagination de milliers d’internautes cet été en appelant les «indignés» de la crise financière à «occuper» pacifiquement Wall Street à New York à partir du 17 septembre.
Surtout, OWS est d’abord un événement médiatique parce que son impact est ressenti presque exclusivement dans le monde virtuel. La couverture de presse qu’il obtient (parce que la plupart des journalistes sont des internautes et des idéalistes eux aussi) est démesurée par rapport à ce qui se passe vraiment dans la société, c’est-à-dire: rien de spécial. On ne peut pas comparer ça au Printemps arabe, qui réoriente la vie de millions de personnes et qui mérite pleinement sa couverture médiatique.
Au parc Zuccotti de New York comme au parc St. James de Toronto, la centaine de campeurs, rejoints par un millier de marcheurs samedi, sont tour à tour encouragés ou critiqués par des dizaines de milliers de chroniqueurs et de blogueurs des grands et des moyens médias, et ils inspirent des millions de commentaires et d’échanges sur Facebook et Twitter. Un tel tohu-bohu est aussi le pain et le beurre de publications «alternatives» comme Now ou Rolling Stone, et de «comiques sérieux» comme Jon Stewart, Steven Colbert et autres Infoman à la télévision.
Jusqu’à maintenant, sous les nouvelles bannières à la mode («Nous sommes les 99%», «Arrêtez le 1%», le drapeau américain où les étoiles sont remplacées par des logos corporatifs), on retrouve sur le terrain les mêmes habitués des manifs contre un sommet du G20 ou une visite de George W. Bush, souvent encadrés par les syndicats de la fonction publique (qui ont fourni l’article le plus important au parc St. James: les toilettes portatives) et auxquels se joignent ponctuellement des défenseurs de causes très (trop) spécifiques: réclamations territoriales autochtones, alerte aux changements climatiques, révolution en Iran, droits des accidentés du travail, vérité sur les attentats du 11 septembre 2001, etc.