«Une nouvelle iconographie pour un nouveau monde»

Carlito Dalceggio à la galerie Thompson Landry

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Publié 10/06/2008 par Guillaume Garcia

Carlito Dalceggio est un artiste à part. Loin des considérations de l’art contemporain et de ces nébuleuses mercantiles qui font de l’art un marché financier prospère, Carlito est habité par l’art. Il veut pouvoir peindre tout et partout. De l’encre, un pinceau, voilà tout ce dont il besoin pour laisser s’exprimer son talent. Personnage excitant, il rentre dans un état de transe dès qu’il se met à créer. L’exposition A la Frontera de la consciencia, offre au public un bon moyen de comprendre la démarche de Carlito Dalceggio et de pénétrer son univers particulier.

Carlito Dalceggio est né artiste, ou du moins, il s’est toujours senti artiste. «J’étais prédestiné, j’avais une vision, je devais devenir artiste. Il a fallu ramener tout ça à la surface.»

À 18 ans, il décide de tout quitter, de quitter Montréal où il est né, afin de vivre son rêve, voyager et peindre. Il arrête ses études en sciences et part. Il voyage beaucoup: Maroc, Mauritanie, Indonésie, Mexique, et développe sa technique artistique au contact des différentes tribus qui l’accueillent. Ce parcours initiatique dure plus de dix ans. Il découvre la calligraphie, les personnages mythiques et mystiques. Il est habité par l’art. Tout est art, tout est sujet, tout suscite l’imaginaire.

Carlito Dalceggio n’est pas pour autant un artiste impulsif. «L’art est un mélange entre science et intuition. Il faut du savoir-faire. C’est en trouvant le doux mélange entre ces deux notions que l’alchimie s’opère.»

Il peut s’installer sur une plage, y poser un canevas et commencer à peindre des premières lueurs matinales jusqu’au coucher du soleil: «J’arrête quand j’y vois plus rien!» s’amuse t’il.

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De ses voyages, il tire l’essence de ses créations. Les Dieux Aztèques, Mayas, tous les archétypes artistiques qu’il a pu rencontrer sont jetés en pâture sur la toile. Il y mêle sa patte, de grandes lignes continues dotant l’oeuvre d’un mouvement vivifiant. Carlito Dalceggio observe la réalité, elle passe ensuite dans son prisme artistique.

C’est ce filtre qui donne finalement le résultat final de la toile ou de la sculpture. «Tous les artistes sont influencés par la réalité, mais je pense que tout est transformé automatiquement selon les personnes.»

«L’art doit être intemporel»

Contrairement à la mouvance d’artistes contemporains qui doivent se mettre en condition studio pour créer, Carlito Dalceggio a choisit «de toujours se mettre dans un état d’inconfort». Pour cet artiste gipsy, tel qu’il se définit, «travailler dans un atelier, avec toutes tes oeuvres autour de toi est le meilleur moyen de refaire ce que tu as déjà fait.» Inclassable, ce citoyen du monde ne veut pas faire de «l’art jetable».

L’art contemporain actuel veut déconstruire les normes. Mais à force de critiquer l’art classique, ou de faire de l’art contre l’art, on rentre dans une mode qui sera selon lui «sera dépassée dans dix ou quinze ans». Un carré rouge dans un rectangle blanc, très peu pour lui: «Avant de déconstruire, il faut savoir construire.»

Même si ses tableaux ne montrent pas la réalité que pourrait voir l’oeil, ils inspirent, dégagent une énergie qui entraîne le public vers ce qu’a voulu exprimer Carlito. Pas besoin de fiche technique traduisant la pensée de l’artiste.

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«J’ai toujours dit que s’il faut expliquer un tableau, c’est qu’il est faible». Cet artiste complet – sculpture, peinture, vitrail – est définitivement habité par l’art. Il personnalise tout ce qui lui appartient, de ses chaussures, auxquelles il a rajouté des petits points de couleurs sur le bout, aux peintures qu’il a faites sur sa veste, tout est art chez lui. «L’art est une manière de vivre» comme il aime préciser.

«Succès ou pas, ça ne change rien»

Si aujourd’hui il obtient la reconnaissance internationale, il ne compte pas changer sa manière de voir les choses. «L’argent est juste un moyen de créer de nouvelles choses et d’explorer de nouveaux champs artistiques».

Cet homme offre sa vie à l’art et multiplie les performances. Qu’il peigne des fresques murales de dizaines de mètres ou de petits tableaux, il y met la même énergie. L’exposition A la frontera de la consciencia est un bon exemple de ce que Carlito veut transmettre. Il a peint la plupart des toiles lors d’un voyage au Mexique dans le cadre de l’Art Road Trip (A.R.T), dont le but était de montrer que l’art est gratuit.

Chaque instant est pour lui source d’inspiration. Il vient de créer «un laboratoire de recherche artistique» appelé Secret Silk Society où se regroupent des personnes venues de tous horizons tels que la philosophie, la photographie, la peinture… «On ne fait pas parti de l’art contemporain, on travaille à un autre niveau d’énergie», explique-t-il.

Des projets plein la tête, Carlito Dalceggio prépare un film «dans la même veine que [ses] tableaux», il sera également à Montréal pour le projet MU qui transformera la ville en vaste musée à ciel ouvert grâce à des fresques murales qui seront peintes «un peu partout».

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À venir aussi «une exposition gigantesque» à New-York, où il mêlera la peinture, la danse, la vidéo, le son. Et comme si son planning n’était pas assez chargé comme ça, il improvisé une performance à l’occasion de L’art of jazz organisé à la distillerie, tout prêt du lieu où il expose.

Artiste vivant et vivifiant Carlito Dalceggio offre un peu de vitalité dans un monde artistique contemporain s’essoufflant jour après jour.

Exposition A la frontera de la consciencia du 4 au 22 juin 2008 à la galerie Thompson Landry, dans le quartier de la Distillerie.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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