Une jeune chirurgienne qui veut concilier travail, famille et vie sociale

La Dre Roxanne Leblanc veut accompagner ses patients

Roxanne Leblanc
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Publié 16/04/2020 par Cristiana Mandru

Des journées de travail interminables, des nuits blanches passées à faire des chirurgies difficiles, la vie privée sacrifiée sur l’autel du Travail qui prend toute la place… Telle est la perception du métier de chirurgienne générale que la Dre Roxanne Leblanc a dû confronter durant ses années de formation à la Faculté de médecine à Ottawa… pour en sortir victorieuse et démontrer que les temps ont bien changé!

«Il y avait même quelqu’un à un moment donné qui m’avait dit que j’étais trop gentille pour la chirurgie générale et que je devais plutôt me diriger vers quelque chose comme la gynécologie.»

Roxanne Leblanc

Des modèles

«Mais moi, je n’avais pas cette perception-là. J’avais vu des femmes chirurgiennes générales avec lesquelles je pouvais m’identifier. C’est donc comme ça que tout a commencé», sourit Roxanne Leblanc, en racontant son parcours vers la chirurgie générale.

La Dre Leblanc travaille à l’Hôpital Général de Hawkesbury (HGH), dans l’Est ontarien, depuis deux ans. Elle fait partie d’une équipe de cinq chirurgiens, dont trois femmes et deux hommes, qu’elle qualifie comme d’équipe jeune, dynamique, qui travaille très bien ensemble.

La chirurgie est l’une des seules spécialités de l’hôpital, ce qui signifie que les médecins ont beaucoup d’appui, puisqu’il y a toujours quelqu’un de garde, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. L’emploi vient avec ses défis, mais aussi avec beaucoup de bénéfices, ce qui crée un grand engagement envers l’hôpital, explique Dre Leblanc.

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Chirurgien-type

La Dre Leblanc souligne que cela prend beaucoup de détermination juste pour faire toutes les études, puisque c’est la plus longue de toutes les spécialités médicales: 13 ans, 4 ans de Bac, 4 ans de médecine et 5 ans de résidence. Ensuite, on peut continuer à faire autant de spécialisations qu’on le désire.

«Il y a une grosse partie de nos vies qu’on consacre à la formation et, avec ça, il y a des sacrifices personnels qu’on fait pour ce qui est de se marier, d’acheter une maison, d’avoir des enfants… On doit mettre tout ça de côté en attendant qu’on finisse nos études. C’est ça qui prend la priorité», explique la jeune chirurgienne.

La Dre Leblanc remarque qu’il faut être capable de soutenir les longues heures de travail non seulement au niveau psychologique, mais physique également. Une nouveauté qui s’est rajoutée dans les dernières années c’est l’empathie du chirurgien, la qualité interpersonnelle qu’il entretient avec son patient, jadis assignée au médecin de famille.

«Au niveau chirurgie, il y a un certain degré de minutie et aussi de perfectionnisme qui doit être en place pour pouvoir faire notre travail comme il faut, du début jusqu’à la fin, peu importe le temps que ça peut prendre… et de la patience pour être capable de faire ça», souligne-t-elle.

Beaucoup de possibilités

«Quand j’étais enfant, je voulais travailler dans le domaine de la santé et je voulais aider les gens, mais je ne connaissais pas de femmes médecins. À l’époque, à Alexandria (son village natal), il n’y en avait pas. Donc, si tu étais femme dans le domaine de la santé, tu étais automatiquement une infirmière.»

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«Puis, à un moment donné, il y a quelqu’un qui m’a demandé ‘pourquoi ne veux-tu pas être un médecin?’ Je n’y avais jamais pensé et ça m’a ouvert tout un monde de possibilités. Je réussissais bien à l’école. J’aimais apprendre et j’étais curieuse», se souvient-elle.

La longueur et la difficulté du chemin parcouru n’ont pas suffi à la dissuader. Elle n’a pas eu envie de regarder ailleurs, vers d’autres spécialités impliquant moins d’adrénaline.

«Je me suis dit que si je vais faire un travail toute ma vie, ça ne me dérange pas combien de temps ça me prend pour me rendre là. Je veux que je me lève le matin et que j’aime le travail que je vais aller faire. Ça aura valu la peine (tout cet effort), puis la chirurgie générale c’était ça pour moi. Ça a valu la peine», constate la jeune docteure.

Dictateurs

De surcroît, «il y avait encore cette mentalité-là que les chirurgiens étaient des dictateurs. Mais j’avais vu des modèles avec lesquels je pouvais m’identifier. Je me suis donc dit que je pouvais quand même être chirurgienne générale et être gentille!», plaisante-t-elle.

Les temps ont heureusement changé, estime-t-elle, peut-être, en partie, à cause du fait qu’il y a plus de femmes dans le domaine médical. Celles-ci accordent en général plus d’importance à leur vie familiale et aux responsabilités domestiques. Par conséquent, les valeurs, les priorités ont changé pour la nouvelle génération de médecins.

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«Aujourd’hui, nos priorités sont vraiment partagées également entre le travail et la maison, que ce soit chez les hommes ou les femmes. Je pense que c’est très bien soutenu de nos jours: le fait qu’il y a une vie à l’extérieur du travail. Personnellement, je suis très bien soutenue des deux côtés, donc je trouve que cette division-là, ça fait très bien des deux côtés», fait valoir Dre Leblanc.

Hôpital régional

Ce qui l’a particulièrement attiré vers la chirurgie c’était la grande variété de sa pratique. Ceci fait en sorte que chaque journée est différente.

«En chirurgie générale, dans les centres tertiaires comme à Ottawa et à Toronto, on se « surspécialise » et on finit par faire une ou deux chirurgies de routine», explique-t-elle. «C’est donc très rare qu’ils vont avoir autant de variété dans leur pratique comme nous on a, dans un hôpital régional.»

«Mais pour moi, c’est la diversité de la chirurgie générale que j’aimais beaucoup. C’est plein de possibilités, de variété dans notre pratique communautaire.»

Ce qui l’aide le plus à gérer les défis de son métier c’est de pouvoir compter sur une excellente équipe, avec des horaires variables, comme c’est le cas pour les urgences.

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«On ne sait jamais à quelle heure on va commencer notre journée et on sait jamais à quelle heure qu’on va la finir. C’est sûr que s’il y a des urgences, des cas qui prennent plus de temps, on peut se retrouver avec des 12 heures par jour. Alors on apprend à fonctionner avec moins de sommeil au besoin, puis quand c’est le temps de dormir on peut dormir n’importe où. Mais c’est quand même plus facile à gérer en pratique que c’était en résidence», reconnaît la jeune chirurgienne.

Perspectives difficiles

Par rapport à d’autres spécialités médicales, les chirurgiens doivent être embauchés par un hôpital afin de pouvoir pratiquer leur métier. Ils ne peuvent pas ouvrir une pratique.

«Les gens disent qu’on a besoin de médecins partout, mais c’est ça la difficulté: un chirurgien doit être embauché par l’hôpital pour avoir des privilèges à cet hôpital et faire des chirurgies. Il faut donc qu’il y ait de la place pour nous dans un hôpital», explique-t-elle.

Avec le système de santé actuel et les nombreuses coupes, la Dre Leblanc fait remarquer que les ressources sont restreintes, surtout au niveau des infirmières.»

Alors, de nos jours, il est difficile de finir sa résidence et de trouver un travail tout de suite.

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«La seule chose la plus frustrante, après avoir passé à travers toute cette formation-là, c’est que tu arrives en fin de compte et que tu ne peux même pas pratiquer ton métier, pour lequel tu as passé ta vie à être formé», résume Dre Leblanc. Elle se considère chanceuse d’avoir été à la bonne place au bon moment, lorsqu’un poste de chirurgien s’est libéré à la suite d’un départ de l’hôpital.

Accompagnatrice

Roxanne Leblanc cite des études effectuées à l’échelle de l’Amérique du Nord qui soulèvent une variation dans la rémunération des chirurgiens par rapport aux chirurgiennes.

Mais ce qui arrive en fait, c’est qu’en moyenne, les chirurgiens ont tendance à proposer une chirurgie plus rapidement que les femmes. Les chirurgiennes accompagnent le patient pendant plus longtemps et ont plutôt tendance à proposer une chirurgie en tout dernier recours, lorsque toutes les options ont été épuisées. Or, les chirurgies rapportent beaucoup plus d’argent que les traitements médicaux.

«Mais la plus grosse différence maintenant, c’est que tous les gens nous appuient plus qu’ils le faisaient avant, autant au niveau du travail, dans les hôpitaux, qu’à la maison, puisqu’on a des conjoints qui nous aident et assument leur rôle dans les responsabilités à la maison. Ceci fait en sorte que le travail est beaucoup plus facile à gérer qu’il était jadis», selon la jeune chirurgienne.

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