Une Franco-Torontoise en stage d’études à Osaka: «Ils font tout d’une autre façon!»

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Publié 12/06/2012 par Annik Chalifour

J’ai rencontré Mira Richard Fioramore pour la première fois au début de mars 2011, alors qu’elle venait de remporter le 1er prix, niveau avancé, au Japanese Language Speech Contest organisé annuellement par l’Ambassade du Japon à Ottawa.

Malgré les violents séisme et tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon le 10 mars 2011, la jeune femme a réalisé son rêve: aller étudier à Osaka. Je l’ai revue la semaine dernière, quelques jours après son retour à Toronto.

«Il faut que tu ailles au Japon!», m’a-t-elle lancée. Mira vient de rentrer d’un séjour de neuf mois à la Kansai Gaidai University d’Osaka, où elle a participé à un programme d’échange en études asiatiques du 28 août 2011 au 2 juin dernier.

«Bien sûr, il faut accepter de vivre avec les tremblements de terre fréquents. Il y en a au moins un par mois à Osaka et quotidiennement à Tokyo de magnitude inférieure à 5.»

«Ça fait partie du mode de vie. Tous les Japonais sont préparés à faire face aux tremblements de terre, ou aux typhons qui se produisent généralement au courant de l’été.»

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«Le typhon, c’est comme une géante tornade de pluie qui provoque des glissements de terrain. Heureusement Osaka est protégée par les montagnes qui l’entourent», a témoigné Mira.

Depuis mars 2011, bien que les gens parlent peu du désastre nucléaire, ils semblent toujours avoir peur de la contamination des aliments et de la pluie noire selon la jeune femme.

Information limitée

«Le gouvernement informe très peu les gens sur la situation de leur pays. Les Canadiens en savent plus sur le Japon que les Japonais eux-mêmes.»

Dès son arrivée à l’Université Kansai Gaidai, Mira a suivi une formation de prévention aux désastres avec tous les autres étudiants internationaux.

Environ 10 000 étudiants, dont 300 du Canada, des États-Unis, d’Europe et d’autres pays d’Asie, fréquentent la Kansai Gaidai University reconnue pour ses programmes de langues étrangères.

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«Les Japonais, même s’ils nous apparaissent plutôt discrets, adorent voyager et apprendre d’autres langues», a commenté Mira.

Vie frugale

La jeune femme a bénéficié d’une bourse de 2500$ de l’Université Carleton; ce qui lui a permis de couvrir les frais du premier semestre de son stage. Carleton jouit d’ententes académiques avec cinq universités japonaises.

Un prêt du Ontario Student Assistance Program (OSAP) plus de l’aide financière de ses parents, ont rendu possible le reste de son séjour d’études.

«Le coût de la vie est très cher à Osaka», a confié la jeune femme. «Durant mon séjour on obtenait 100 yens japonais pour 77¢. Avant le désastre de l’an dernier, c’était 89¢.»

«Au début j’ai vécu avec une famille d’accueil pendant quelques mois, mais malheureusement les parents et les deux enfants adultes étaient peu présents à la maison. Ils étaient en route pour le travail dès 6h du matin jusqu’à 8h le soir.»

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«Il y avait quelques restrictions: on devait utiliser l’électricité au minimum. Les membres de la famille prenaient chacun un bain séparément à partir de la même eau. On m’a tout de même autorisée à prendre une douche quotidienne.»

«Je ne pouvais recevoir un invité à la maison, ce qui, selon les coutumes, aurait exigé d’offrir un service de haute qualité.»

Amitié japonaise

Mira désirant perfectionner ses connaissances de la langue, a décidé de déménager dans un petit appartement (une pièce): «Je voulais tenter de me faire des amis. C’est la meilleure façon d’apprendre!»

Elle a rencontré Saori, une étudiante originaire d’Hiroshima, qui l’a invitée à séjourner chez sa famille: «J’y suis même allée avec ma mère qui est venue me rendre visite au Japon». Hélène Nicole Richard de la compagnie Les langues sur les planches, est la mère de Mira.

«Il faut travailler fort pour développer une amitié avec un Japonais. Cela peut prendre des mois avant qu’un ami puisse partager vraiment qui il est avec toi.»

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«Les gens ne démontrent pas facilement leurs émotions; il est difficile de savoir ce que l’autre ressent, sauf si c’est un ami de longue date. Parler la langue est définitivement un avantage pour enrichir ses relations avec les Japonais», selon Mira.

Programme JET

«Les Japonais font tout d’une autre façon! Mais toujours avec grande courtoisie et générosité. Je ne me suis pas sentie dérangée par le choc culturel. Je me sens vraiment à ma place au Japon; mon avenir est là-bas!»

Même si, aux dires de Mira, «l’homme domine la société japonaise, les plus âgés ont pleine autorité sur les plus jeunes, les professeurs sur les étudiants, on mange trop de riz et les jeunes femmes suivent la mode américaine à tout prix.»

L’étudiante de 21 ans qui apprend le japonais avec rigueur depuis trois ans, aspire à retourner vivre et travailler au Japon. «Pour m’assurer de trouver un emploi sur place, je dois obtenir un baccalauréat et prouver mes habiletés langagières.»

Mira retournera donc à Carleton dès septembre pour compléter son diplôme en Études grecques et romaines, tout en poursuivant des cours de japonais avec l’école Berlitz.

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«Après je compte m’inscrire au JET (Japan English Teachers Program). Le Japon a durement été touché cette année, et comme la vie semble lentement revenir à la normale, le pays a besoin des professeurs d’anglais plus que jamais.»

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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