Dans la francophonie ontarienne, le projet de Charte des valeurs québécoises fait jaser dans les chaumières, mais pas beaucoup sur la place publique.
C’est tout le contraire qui se passe au Canada anglais, où politiciens, éditorialistes et autres ténors se disputent le micro – presque tous pour dénoncer la laïcité étatique à la française préconisée par le gouvernement du Parti québécois – dans ce qui est sans conteste le débat national de l’heure.
C’est au début de la semaine dernière – confirmant le scoop des journaux de Quebecor au mois d’août – que le ministre québécois Bernard Drainville a dévoilé les propositions gouvernementales en vue de baliser les demandes d’accommodement ethno-religieux et d’établir, dans la loi, un devoir de réserve et de neutralité religieuse pour le personnel de l’État.
Si l’obligation de se découvrir le visage pour donner ou recevoir un service public n’est guère contestée, il en va tout autrement de l’idée d’interdire à tous les fonctionnaires, y compris aux enseignants, le port du turban, de la kippa, du foulard ou d’autres accessoires visibles associés à une croyance religieuse.
Cette démarche heurte de plein fouet la tradition canadienne-anglaise du multiculturalisme, où c’est le pays d’accueil qui fait tout pour accommoder les coutumes des nouveaux arrivants, allant jusqu’à modifier l’uniforme des policiers pour y intégrer le turban.