Si les sondages continuent de lui être favorables, le Premier ministre Stephen Harper pourrait inviter les Canadiens à élire un gouvernement conservateur majoritaire à la fin du printemps ou cet été, soit après le scrutin québécois du 26 mars mais avant celui de l’Ontario le 10 octobre.
2007 est donc une année électorale importante… mais pas «cruciale» ou «déterminante»: le pays n’est pas plus ni moins que dans le passé à la «croisée des chemins» ou face à des choix «qui n’ont jamais été aussi clairs». On entend ce discours juvénile dans toutes les campagnes électorales. La seule vérité c’est qu’en démocratie ce sont toujours les prochaines élections qui sont les plus importantes.
Au Québec, après quatre années de gestion prudente marquées par quelques faux départs et des promesses révisées à la baisse, mais sans scandales ni crises majeures, les Libéraux de Jean Charest (plus proches des Conservateurs que des Libéraux fédéraux) semblent bien placés pour exploiter l’inexpérience du nouveau chef péquiste André Boisclair et la division de l’opposition, gracieuseté de la vieille garde frustrée du PQ, de la résilience de l’Action démocratique populiste de Mario Dumont, et d’une première présence des groupuscules soi-disant «progressistes» unis sous la bannière de Québec solidaire.
La réélection du gouvernement Charest est une pièce maîtresse sur l’échiquier fédéral. Une défaite du seul parti fédéraliste provincial au Québec serait embarrassante – c’est le moins qu’on puisse dire – pour les artisans de la reconnaissance de la «nation» québécoise et des promesses de règlement du «déséquilibre fiscal».
En Ontario, le gouvernement libéral de Dalton McGuinty (décidément plus libéral au sens anglais que français du terme et, de ce fait, plus proche des Libéraux fédéraux de Stéphane Dion) ne semble pas menacé de perdre sa majorité à Queen’s Park, ayant passé les quatre dernières années à arroser de nouveaux programmes presque toutes les clientèles politiques.