Un référendum sur un casino à Toronto?

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Publié 17/04/2012 par François Bergeron

Mercredi dernier, par un vote de 25 à 17, le Conseil municipal de Toronto a reporté à plus tard – pour permettre au Comité exécutif d’en discuter – un vote sur la création d’un casino au bord du lac Ontario.

La résolution du conseiller Adam Vaughan aurait soumis l’idée à un référendum tenu en même temps que les prochaines élections municipales (2014).

D’autres élus locaux, comme le conseiller Michael Thompson, estiment qu’on pourrait organiser un tel référendum séparément, dès cette année, pour qu’on sache tout de suite à quoi s’en tenir et, en cas de victoire du oui à un casino, aller de l’avant avec le projet, qui aurait l’appui du gouvernement libéral provincial.

En effet, le ministre des Finances, Dwight Duncan, ne fait pas de mystère de son enthousiasme pour un casino intégré à un grand complexe commercial et récréatif à l’emplacement de Place Ontario, déficitaire.

Le gouvernement a récemment ordonné la fermeture de Place Ontario pour au moins deux ans, et chargé l’ex-politicien conservateur John Tory d’examiner les moyens de revitaliser le site.

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Une manne?

L’argent est évidemment au coeur de ce projet: celui des milliers d’emplois qui seraient créés, celui qu’empocherait la province en revenus d’exploitation (le casino de Montréal rapporte environ 200 millions $ par année au trésor québécois), et bien sûr celui dont rêvent les joueurs de poker, blackjack et autres roulettes.

Et le ministre Duncan – aux prises avec un déficit annuel de 15 milliards $ qu’il doit résorber aux prix de volte-face politiques grinçantes, comme le gel des salaires des fonctionnaires – imagine un Las Vegas du Nord, avec hôtels gigantesques et concerts de vedettes internationales.

La maire Rob Ford et plusieurs de ses alliés sont favorables au projet.

Cela inclut bien sûr l’ineffable Giorgio Mammoliti, qui a déjà proposé un quartier de bordels (récemment décriminalisés par la Cour d’appel de l’Ontario) aux îles de Toronto, et qui parle maintenant de 10 000 emplois pour, entre autres, des mères monoparentales qui pourraient travailler aux tables (pour distribuer les cartes ou opérer la roulette, pas pour danser… Mais, à bien y penser, pourquoi pas aussi pour danser?!).

Dans ma cour svp

Certains n’appuieraient le casino que si on l’installait dans leur secteur. C’est le cas de Vince Crisanti (Etobicoke) qui propose le site de l’actuelle piste de courses de chevaux Woodbine. Doug Ford, qui a remplacé son frère Rob dans son quartier d’Etobicoke également, pose lui aussi toutes sortes de conditions qui favoriseraient son secteur.

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Adam Vaughan et la plupart des élus de «gauche» (néo-démocrates), associés à l’ancien régime du maire David Miller, sont contre un casino à Toronto, pour des raisons qui vont de craintes quant aux répercussions sociales d’un tel projet (appauvrissement des joueurs compulsifs, alcoolisme, prostitution, etc.) aux menaces que cela représenteraient pour les communautés où se trouvent déjà des casinos (les régions du lac Simcoe et de Niagara), en passant par leur haine viscérale du capitalisme.

Mike Layton (le fils de Jack) demande spécifiquement au Conseil d’exclure tout projet de transformation de Place Ontario en complexe de jeu.

Adam Vaughan fait aussi valoir que les Torontois ont rejeté un projet de casino lors d’un référendum en 1997 (vous en souveniez-vous?).

La donne politique

Le maire Ford s’est aliéné des élus «centristes» et a perdu, cet hiver, plusieurs votes importants au Conseil sur le transport en commun et le budget de la Ville.

Mais ces changements d’allégeances restent ponctuels et peuvent évoluer selon les projets proposés (tel que prévu par la «constitution» de la Ville et s’inscrivant parfaitement dans la tradition politique torontoise).

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Une majorité de conseillers municipaux pourraient donc être trouvée pour un projet de casino comme celui que défend le ministre ontarien des Finances, surtout si le projet devait être entériné par la population par référendum.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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