L’air serein, les yeux rieurs, Jean Erol Josué m’accueille pour un entretien le 3 décembre 2015 à l’ombre de la vaste cour aérée du Bureau National d’Ethnologie (BNE) de Port-au-Prince qu’il dirige depuis 2012.
Dès notre premier échange de regards, je ressens qu’Erol est un être à part, mystérieux, excentrique. Non seulement est-il le directeur du BNE, mais aussi un auteur-compositeur, chorégraphe, danseur, chanteur et prêtre vodou, connu comme «Protecteur du Patrimoine immatériel.»
Son profil inédit s’arrime superbement à son rôle de gardien du patrimoine culturel haïtien. Homme de terrain audacieux, totalement ancré dans ses racines populaires, Erol Josué fusionne art et anthropologie avec acuité, sensibilité et détermination.
Outre son travail d’ethnologue et de prêtre vodou, depuis le séisme de 2010, Erol a lancé un mouvement qu’il nomme art-thérapie «où j’invite le chanteur et le danseur à s’exprimer en chacun des participants», définit-il.
Hors zone
«J’ai grandi au sein d’une éducation familiale centrée sur la religion vodou», confie Erol. Ses talents de chanteur et danseur ont évolué dans la pratique du vodou, devenue aujourd’hui la source de son inspiration nichée entre savoirs ancestraux et tournure contemporaine. Un artiste vodou hors zone que l’on décrit «aussi à l’aise dans le roots que l’électro.»