Un groupe de travail franco-ontarien en appui à Haïti

Penser le futur du pays

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Publié 10/07/2012 par Annik Chalifour

10 enseignants et intervenants scolaires issus de six conseils francophones de la province, membres bénévoles du Groupe de travail en appui à Haïti (GTAH), se sont réunis à l’école Gabrielle-Roy les 4 et 5 juillet derniers, dans le cadre d’une rencontre de planification et de formation en vue de leur prochain départ pour Port-au-Prince. L’Express y a assisté.

Du 27 juillet au 11 août, 15 enseignants formateurs, un coordonnateur pédagogique et deux coordonnateurs logistiques issus du ministère de l’Éducation de l’Ontario (MÉO), feront partie de cette première initiative du GTAH, visant à renforcer les capacités des enseignants haïtiens à mettre à profit un enseignement de qualité.

Tous possèdent une ample expérience dans l’enseignement, de l’expertise en salle de classe et des compétences en andragogie. Certains ont déjà oeuvré en Haïti ou détiennent une expérience antérieure de travail à l’international.

Ils interviendront directement auprès de plus de 200 enseignants haïtiens aux paliers préparatoire (maternelle/jardin), élémentaire et secondaire. La formation abordera la façon d’enseigner le français, les mathématiques, les sciences et la technologie.

Le GTAH créé en 2010 suite au séisme de Port-au-Prince, agit de façon indépendante du MÉO et n’a reçu aucune subvention du gouvernement pour réaliser cette mission.

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Orienter la pensée vers l’avenir

«L’enseignement magistral a préséance en Haïti; on mise sur la méthode du par cœur sur lequel les résultats de tous les examens sont axés», rappelait Marie Carmel Jean-Jacques mercredi dernier.

Membre du GTAH, Mme Jean-Jacques est co-animatrice de la formation des formateurs et conseillère pédagogique du projet.

«Les enseignants en Haïti ne mettent pas l’accent sur les processus», a-t-elle réitéré. «Le défi consistera à mettre vos pairs haïtiens en situation pratique.»

«Pour qu’ils puissent s’exercer à développer leur pensée au-delà de la théorie, afin de pouvoir eux-mêmes transmettre cet apprentissage à leurs élèves: il s’agit de leur montrer comment montrer aux jeunes à réfléchir.»

«La pensée est orientée vers l’avenir. En apprenant aux enseignants haïtiens à développer leur pensée, on les oriente vers le futur: on les aide à orienter leurs élèves vers le développement du pays.»

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Vivre et travailler en groupe

Outre Mme Jean-Jacques, trois autres membres du GTAH ont contribué à l’élaboration d’un excellent manuel de formation préparé à l’intention des formateurs, dont Jhonel Morvan, Gabriel Osson et Alexandre Beaudin.

Le manuel du GTAH mentionne «qu’il sera très important de pouvoir travailler en équipe lors du projet; nous devrons non seulement travailler ensemble, mais aussi cohabiter pendant deux semaines.»

«Tous devront présenter un front commun de solidarité et de professionnalisme en tant que représentants de la société canadienne.»

«Même si le projet n’est pas un projet du gouvernement à proprement parler, aux yeux des enseignants haïtiens, nous représentons le pays».

Le groupe sera hébergé par Healing Hands for Haïti, une ONG internationale basée à Port-au-Prince, qui met ses locaux et ses ressources à la disposition d’expatriés séjournant en Haïti.

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Alexandre Beaudin et Gabriel Osson seront chargés de la logistique sur le terrain en collaboration avec Healing Hands et l’Institut des sœurs de l’Immaculée Conception.

Efficacité interculturelle

«La culture permet à ceux qui partagent les mêmes valeurs culturelles de communiquer entre eux sans avoir à discuter de la signification des choses à tout moment», a rappelé Jhonel Morvan, qui sera coordonnateur pédagogique du projet en Haïti.

«Cependant lorsqu’on travaille avec les autres, la culture peut devenir à la fois un recours et un frein dans notre capacité de travailler ensemble et de se comprendre mutuellement», selon M. Morvan, citant les ressources du Centre d’apprentissage culturel/Center for Intercultural Learning (CIL).

Le CIL voué à la préparation des Canadiens déployés en mission outre-mer par le gouvernement, est un outil incontournable en matière d’apprentissage des compétences interculturelles: www.intercultures.gc.ca

«La langue est aussi la porte d’entrée sur la culture d’un pays», selon Mme Jean-Jacques. Certains membres du GTAH parlent couramment le créole haïtien, d’autres ont une connaissance de base. Un atout indispensable!

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Pour celles et ceux qui ont connu Port-au-Prince avant le désastre, reste à faire face à la réalité d’aujourd’hui.

Grande force humaine

Lisa Tremblay, directrice de l’école Maison Montessori de Viamonde, était invitée mercredi dernier à témoigner de son expérience antérieure de travail en Haïti.

Ayant œuvré avec le projet Konbit Pwof en juillet 2006 comme formatrice auprès de 39 enseignantes à l’île de la Gonâve, Mme Tremblay a référé à «la grande force humaine des Haïtiens.»

Les dames devaient marcher deux heures chaque jour sans boire ni manger pour assister à la formation: «Malgré tout, elles arrivaient toujours pimpantes et prêtes à apprendre.»

Les conditions de vie étaient rudes, aucune infrastructure, un accès limité à l’électricité et l’eau courante, de la nourriture artisanale, une chaleur suffocante, aucun système de gestion des déchets, a rapporté Mme Tremblay.

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«La prière et le chant faisaient (et font encore) partie du réseau social de soutien mutuel au quotidien», a-t-elle mentionné.

«Habillez-vous avec modestie. Apportez des vêtements que vous pourrez laisser sur place et revenez sans votre valise.»

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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