Un gouvernement pas trop pire

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Publié 09/05/2011 par François Bergeron

Les élections du 2 mai (3)

Après avoir réussi à faire élire, à sa quatrième tentative, un gouvernement conservateur majoritaire, Stephen Harper a dit le soir du 2 mai qu’il gouvernerait pour tous les Canadiens, pas seulement pour les Conservateurs.

Il a même spécifiquement promis – ce qui n’était vraiment pas nécessaire – de continuer d’augmenter de 6% par année les transferts aux provinces destinés au système de santé. C’est deux fois plus que le taux de croissance de l’économie: ça devra donc ralentir un jour. La santé accapare déjà la moitié du budget des provinces.

La réforme du système de pensions, qui s’apparente présentement à une pyramide de Ponzi, est encore plus urgente. Malheureusement, on en a très peu parlé au cours de la campagne électorale. Heureusement, le nouveau gouvernement majoritaire est en meilleure position que jamais pour lancer le débat.

D’autres promesses, comme certains crédits d’impôt, attendront que le budget soit équilibré (en 2014 selon le nouveau calendrier suggéré durant la campagne).

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Un super-projet de loi sur la sécurité publique, comprenant des sentences plus sévères pour diverses catégories de crimes, de même que le droit des citoyens d’arrêter un voleur ou un agresseur pris en flagrant délit (inspiré de la lutte judiciaire du plus célèbre épicier chinois de Toronto), sera l’un des premiers à être présenté au prochain Parlement. Ce sera un premier test de crédibilité pour la nouvelle opposition.

On aura droit aussi à un Bureau de défense des libertés religieuses dans le monde, un os jeté à la minorité d’activistes chrétiens au sein du Parti conservateur. Il aurait été préférable de rationaliser les octrois aux ONG, déjà trop nombreuses et aux objectifs parfois discutables, et laisser le ministère lui-même travailler à la promotion de toutes les libertés fondamentales dans le monde (en commençant par le Canada, en abolissant la Commission des droits de la personne, qui bafoue régulièrement la liberté d’expression et la liberté de presse).

Contrairement à ce que prétendent ses adversaires depuis qu’il a unifié la «droite», contre une «gauche» qui, elle, s’est fractionnée davantage, Stephen Harper occupe un très grand espace au «centre» de l’échiquier politique canadien. Ce n’est pas en se radicalisant, surtout dans un pays aussi vaste et diversifié que le Canada, qu’on passe de parti d’opposition à gouvernement minoritaire, puis majoritaire.

Même si le registre des armes d’épaule sera certainement aboli, ceux qui prédisent la fin du Canada tel qu’on le connaît, son «américanisation» rapide, le recul du bilinguisme officiel, la criminalisation de l’avortement et la fin des mariages gais, seront «déçus».

On trouve des militants conservateurs, peut-être même quelques élus, pour défendre ces causes perdues, comme on trouvera au sein du NPD des admirateurs de Castro, des ayatollahs de la bienséance politiquement correcte et des promoteurs de la nationalisation tous-azimuts de l’économie. Maintenant que les projecteurs seront braqués sur l’opposition officielle, on verra si son chef restera encore longtemps un «bon Jack».

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L’objectif de Stephen Harper est désormais de conserver et consolider sa majorité. S’il s’y applique, s’il joue bien son jeu et avec un peu de chance, il pourrait aussi réaliser des gains importants au Québec la prochaine fois. Les Conservateurs partent de loin, mais comme l’a démontré le NPD qui partait d’encore plus loin, au Québec tout est possible.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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