Un super-projet de loi sur la sécurité publique, comprenant des sentences plus sévères pour diverses catégories de crimes, de même que le droit des citoyens d’arrêter un voleur ou un agresseur pris en flagrant délit (inspiré de la lutte judiciaire du plus célèbre épicier chinois de Toronto), sera l’un des premiers à être présenté au prochain Parlement. Ce sera un premier test de crédibilité pour la nouvelle opposition.
On aura droit aussi à un Bureau de défense des libertés religieuses dans le monde, un os jeté à la minorité d’activistes chrétiens au sein du Parti conservateur. Il aurait été préférable de rationaliser les octrois aux ONG, déjà trop nombreuses et aux objectifs parfois discutables, et laisser le ministère lui-même travailler à la promotion de toutes les libertés fondamentales dans le monde (en commençant par le Canada, en abolissant la Commission des droits de la personne, qui bafoue régulièrement la liberté d’expression et la liberté de presse).
Contrairement à ce que prétendent ses adversaires depuis qu’il a unifié la «droite», contre une «gauche» qui, elle, s’est fractionnée davantage, Stephen Harper occupe un très grand espace au «centre» de l’échiquier politique canadien. Ce n’est pas en se radicalisant, surtout dans un pays aussi vaste et diversifié que le Canada, qu’on passe de parti d’opposition à gouvernement minoritaire, puis majoritaire.
Même si le registre des armes d’épaule sera certainement aboli, ceux qui prédisent la fin du Canada tel qu’on le connaît, son «américanisation» rapide, le recul du bilinguisme officiel, la criminalisation de l’avortement et la fin des mariages gais, seront «déçus».
On trouve des militants conservateurs, peut-être même quelques élus, pour défendre ces causes perdues, comme on trouvera au sein du NPD des admirateurs de Castro, des ayatollahs de la bienséance politiquement correcte et des promoteurs de la nationalisation tous-azimuts de l’économie. Maintenant que les projecteurs seront braqués sur l’opposition officielle, on verra si son chef restera encore longtemps un «bon Jack».