Un enfant réussi

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 11/04/2006 par Marta Dolecki

Six ans après Rosetta, Palme d’or au Festival de Cannes en 1999, les frères Luc et Jean-Pierre Dardenne ont frappé fort, signant leur retour au cinéma avec un nouveau-né dans leurs bras. Leur petit dernier se prénomme L’Enfant et a déjà fait parler de lui au festival de Cannes où il s’est vu décerner la Palme d’or l’année dernière.

Comment réagir lorsque naît un enfant? Certains paniquent, refusent d’endosser leur rôle de parents. D’autres sautent sur l’occasion, accueillent la nouvelle avec joie, pensant déjà aux futurs jouets du nouveau-né. Maintenant, que faire lorsqu’un enfant naît et que ses deux parents, loin de pouvoir lui offrir des conditions de vie décentes, une existence joyeuse, ne disposent que d’un chèque d’assistance sociale pour finir le mois?

Dans le film, ils s’appellent Sonia et Bruno, ont à peine 20 ans, et vivent cette situation au quotidien. Dès lors, leur parcours va être celui d’un apprentissage; celui, long et ardu, d’une paternité retrouvée. Geste qui peut sembler choquant à plus d’un: Bruno, un jeune voyou qui vit de vols de porte-monnaie et autres petits méfaits, décide un jour de vendre son enfant, pour survivre, contre un peu d’argent. Il regrette ensuite sa décision et tente de le récupérer.

Lors d’une entrevue à L’Express lors du dernier Festival du film de Toronto, Luc et Jean-Pierre Dardenne confiaient que le sujet du film leur était venu alors qu’ils se trouvaient dans les rues de Seraing, en Belgique, sur le tournage de leur précédent film Le Fils.

Les deux cinéastes y ont vu une jeune femme pousser un landau dans lequel dormait un nouveau-né. Intrigués par son allure brusque, la manière violente dont elle poussait le landau, ils sont restés longtemps avec cette image en tête. La vision de cette mère qui semblait porter son enfant comme un fardeau a servi de point de départ à l’intrigue.

Publicité

Dans L’Enfant, Bruno rejette lui aussi son bébé puisque qu’il ne trouve rien de mieux que de le vendre au noir. Comment le jeune homme va-t-il comprendre la portée d’un tel acte? Ce que signifie être père? A-t-il besoin d’autre chose que de l’amour de sa compagne pour parvenir à créer un lien avec son enfant?

Ce sont toutes ces questions qui ont intéressé les deux frères. Ils racontent qu’ils ont tourné L’Enfant sur le même mode que leurs films précédents, avec beaucoup de répétitions, mais surtout avec un nombre illimité de prises pour capter la vérité intérieure des personnages. Le résultat est haletant et prenant pour le spectateur cinéphile qui a l’impression d’être avec les personnages, pris dans le tourbillon de leurs émotions.

Au service des rôles de Sonia et Bruno, on retrouve deux comédiens, Déborah François et Jérémie Rénier. Leurs prestations, poignantes de vérité, viennent donner corps et âme au film. Le regard des Dardenne sur ces deux personnages de jeunes paumés est indulgent et généreux. Pas de victimisation, ni de condamnation, juste un humble constat de l’état d’une société et de ses laissés-pour-compte.

Une fois de plus, les frères Dardenne sont allés à la rencontre de ces existences en marge pour en revenir avec un film poignant montrant qu’au-delà de la misère et des difficultés, une rédemption est possible, même pour des personnages qui, au travers des épreuves, parviennent à regagner leur place au soleil et, au passage, retrouvent une belle humanité.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur