La Section 494 du Code criminel prévoit que «toute personne peut arrêter un individu qu’elle trouve en train de commettre un acte criminel» ou «un individu qui, d’après ce qu’elle croit pour des motifs raisonnables, a commis une infraction criminelle».
Cela devrait suffire. «Toute personne», ça couvre tout le monde, non? Et nous pouvons tous reconnaître «un acte criminel», du moins les plus communs: vol, vandalisme, agression… Malheureusement, nos lois sont souvent inutilement compliquées, dans le but, on dirait, de garantir du travail aux avocats, aux procureurs et aux juges.
Ici, par exemple, un second paragraphe vient limiter les droits de «toute personne» qui serait «le propriétaire ou une personne en possession légitime d’un bien» ou son employé, «une personne autorisée par le propriétaire ou par une personne en possession légitime d’un bien». Ce propriétaire ou cet employé, en effet, peut arrêter uniquement une personne «qu’il trouve en train de commettre une infraction criminelle sur ou concernant ce bien». Autrement dit, sur sa propriété et immédiatement, pas un coin de rue plus loin ou une heure après le méfait.
Un troisième paragraphe de la Section 494 précise que «quiconque, n’étant pas un agent de la paix, arrête une personne sans mandat doit aussitôt la livrer à un agent de la paix». C’est parfait, si par «aussitôt» on alloue un peu de temps pour appeler et attendre la police…
David Chen, un commerçant du quartier chinois près du Musée des beaux-arts, a appris à ses dépends cette année que le système judiciaire ontarien récompense les criminels et punit les héros.