Esperanza raconte sa vie en anglais, sans embarras, aux nombreuses clientes qu’elle coiffe sans relâche de 9h à 18h, six jours sur sept, au salon de coiffure de son quartier dans l’ouest de Toronto.
Son allure latine et son accent hispanique révèlent ses origines colombiennes. Elle est arrivée ici il y a 10 ans avec son mari et leurs deux enfants. Son fils est né en Colombie et sa fille a vu le jour aux États-Unis. La petite famille a rejoint le père d’Esperanza à Miami en 1999 où ils ont vécu durant cinq ans, laissant derrière eux la brutale Bogota.
À Miami, ça chauffe! La chaleur étouffante s’arrime avec la salsa épicée au quotidien. Les influences sud-américaines ont infiltré la brûlante Miami sans détour. On bouge sous les rythmes latins jour et nuit. L’espagnol prédomine la vie sociale et commerçante. Esperanza connaissait à peine la langue de Shakespeare qu’elle maitrise aujourd’hui, tant bien que mal, depuis son établissement au Canada.
Vivre à Bogota au milieu des années 1990, signifiait évoluer au cœur d’un constant cauchemar. La violence et le crime brimaient la capitale colombienne au jour le jour, selon les souvenirs d’Esperanza. À l’école, on apprenait aux élèves à se rendre aux abris dès le son des sirènes annonçant les fréquents bombardements. À cette époque, Bogota était considérée comme la ville la plus dangereuse d’Amérique latine, l’une des plus criminelles au monde. La sécurité citoyenne n’existait pas.
Malgré la violente Bogota, Esperanza se rappelle sa douce enfance passée à récolter les grains de café pour les faire sécher à la plantation de ses grands-parents, à deux heures de route de la capitale, durant les vacances scolaires. Sa grand-mère sillonne encore à cheval les terres de son ancienne hacienda. Vive le tinto!