Aucun employé de l’aéroport de Vancouver n’a songé à venir en aide à Robert Dziekanski, ce Polonais de 40 ans qui montrait des signes croissants d’agitation et de détresse avant qu’il ne soit soudainement électrocuté par quatre policiers de la GRC le 14 octobre dernier. Aucun voyageur non plus.
Dziekanski est mort après avoir reçu au moins deux décharges de «taser», cette arme qui ne sert officiellement qu’à immobiliser temporairement un suspect mais qui a déjà tué à une vingtaine d’occasions. Sans la retirer de l’arsenal de nos forces de l’ordre, on devrait désormais la considérer aussi létale qu’une arme à feu et modifier en conséquence son protocole d’utilisation.
C’est la diffusion récente sur Internet de la vidéo prise par un passant de cet incident qui a relancé le débat sur l’action des quatre agents de la GRC appelés à maîtriser Dziekanski. Mais un débat plus fondamental est nécessaire sur l’inaction de toutes les autres personnes qui auraient pu intervenir beaucoup plus tôt pour aider cet immigré unilingue à sortir de la section de réception des bagages et retrouver sa mère qui l’attendait à 100 mètres de là, au niveau des arrivées.
Celle-ci n’a pas réussi non plus à obtenir qu’on l’aide à retrouver son fils qui prenait l’avion pour la première fois de sa vie et qu’elle savait à bord d’un vol arrivé depuis plusieurs heures.
Bien sûr, il aurait dû se munir de quelques phrases d’anglais pour communiquer avec le personnel de la douane, des bagages ou des portes. Évidemment, il n’aurait pas dû s’énerver et s’en prendre aux chaises, jeter un ordinateur au sol, crier. Mais après des heures d’incompréhension et d’indifférence inhumaines, qui conserverait son calme?