Trois mythes sur la poignée de main

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Publié 28/02/2017 par Ève Beaudin

Les poignées de mains du président américain Donald Trump ont été scrutées à la loupe, notamment lors de sa récente rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau. De nombreux articles ont souligné la fermeté de ses poignées de main, ses tapotements sur l’épaule de son interlocuteur, sa tendance à attirer brusquement vers lui l’autre personne, qualifiant ses poignées de mains de «bizarres» et «dominantes».

Mais une poignée de main a-t-elle vraiment autant d’importance qu’on le croit? Le Détecteur de rumeurs en profite pour vérifier la validité de quelques-unes de nos idées reçues.

Première impression

Une étude qui se démarque à ce sujet est celle de l’Université de l’Alabama publiée en 2000 dans le Journal of Personality and Social Psychology.

Les psychologues ont formé des juges pendant un mois de manière à ce qu’ils puissent évaluer des caractéristiques objectives d’une poignée de main (adhérence, température, sécheresse, force, durée, vigueur, texture et contact visuel). Ensuite, ils devaient évaluer des participants qui avaient répondu à des tests de personnalité.

Les résultats ont fait ressortir les points suivants:

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Il était difficile pour les juges de prendre en considération toutes les caractéristiques objectives. C’est la fermeté de la poignée de main qui était la caractéristique la plus importante d’une « bonne » poignée de main.

Les juges avaient une première impression plus positive des gens qui donnaient une poignée de main considérée comme «bonne».

Une «bonne poignée de main», telle que perçue par les juges, était associée aux participants dont les tests avaient révélé qu’ils étaient plus extravertis et ouverts à de nouvelles expériences.

Ceux qui avaient des personnalités anxieuses et timides donnaient des poignées de main considérées comme «mauvaises» par le juge.

Contrairement à ce qu’on peut penser, les femmes auraient avantage à donner une poignée ferme lors d’une première rencontre. Un geste perçu encore plus positivement chez les femmes.

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Bref, pour les deux sexes, une poignée de main ferme tend à générer des impressions favorables.

Décrocher un contrat

L’Université de l’Iowa a mené en 2008 une étude qui impliquait 98 étudiants, des employeurs potentiels et des «experts en poignée de main».

Les étudiants prenaient part à des entretiens d’embauche et les patrons potentiels étaient ensuite invités à classer les candidats. Ensuite, des experts analysaient la poignée de main des candidats.

Les résultats: les étudiants qui ont été notés comme ayant les poignées les plus fermes par les juges étaient aussi les plus susceptibles d’être embauchés. Les «employeurs» ont considéré ces candidats comme des extravertis avec de grandes compétences personnelles. Alors que ceux qui donnaient des poignées de mains molles se retrouvaient au bas de la liste.

Selon l’étude, une poignée de main doit être ferme, pas trop forte, avoir un mouvement vigoureux de haut en bas et être accompagnée par un contact visuel.

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Zone du cerveau

Dans le cadre d’une étude publiée en 2012 dans le Journal of Cognitive Neuroscience, des chercheurs ont étudié les corrélats neuronaux d’une poignée de main pour expliquer l’importance de cette pratique dans nos interactions sociales.

Grâce à l’imagerie par résonance magnétique, ils ont pu démontrer qu’il y avait plus d’activité dans une région spécifique du cerveau quand on se serre la main avant une interaction.

Ils ont également démontré que ce ne serait pas toutes les poignées de main qui aurait un impact positif: il faudrait une poignée de main ferme et une attitude amicale pour susciter des sentiments positifs.

Signaux chimiques

On sait déjà qu’on peut transmettre des germes avec des poignées de main. Il a été découvert dans le cadre d’une recherche à l’Institut Weizmann, que les poignées de main pourraient être des moyens de transmettre des signaux chimiques sociaux.

En observant des participants avec des caméras cachées, on a découvert que les humains auraient tendance à approcher leur main de leur nez après avoir serré la main d’un interlocuteur!

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Les chercheurs pensent que ce comportement inconscient aurait pris la relève d’un comportement plus ancien qui consistait à renifler une personne pour en savoir plus sur elle, comme le font les animaux.

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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