Triste Afrique!

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Publié 09/08/2011 par Darnace Torou

À l’heure de la communication instantanée, l’image de ce petit Somalien décharné, les yeux exorbitants, ressemblant à un septuagénaire mourant, a déstabilisé des consciences. On reparle encore de la énième famine en Afrique! Et les superlatifs ne manquent pas.

Pour l’organisme OXFAM, c’est la première famine officiellement déclarée en Afrique depuis le début du XXIe siècle, alors qu’elle a été éradiquée dans le reste du monde. Mais a-t-on seulement remarqué que les famines se produisent rarement dans des sociétés démocratiques et où les gouvernements rendent des comptes?

La tragédie de la Corne de l’Afrique était annoncée. En effet, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait donné l’alerte en répétant en mai dernier que la malnutrition gagnait à nouveau du terrain. Même la Banque mondiale, pas très réputée dans le domaine de la charité, a cru bon devoir tirer la sonnette d’alarme en avril dernier.

Il convient de rappeler que l’Afrique a connu de graves famines cycliques depuis les indépendances, notamment celles consécutives aux sécheresses de 1972-1973 (au Sahel), de 1984-1985 (Corne de l’Afrique) ou encore en 2001 (Afrique du Nord, Afrique australe, Afrique de l’Est et Afrique sahélienne), avec, chaque fois, des milliers de morts! En faudrait-il encore pour prendre des mesures préventives?

Au lieu de faire face aux impératifs, de nombreux pays africains ont cédé de millions d’hectares de terres agricoles à des États ou entreprises étrangères révèle une étude récente de l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), un organisme de recherche britannique.

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Parmi les «accapareurs» de terres, on cite, entre autres: l’Arabie Saoudite, le Japon, la Chine, l’Inde, la Corée, la Libye et l’Égypte. Dépendant des importations, ces pays veulent externaliser leur production alimentaire nationale en prenant le contrôle d’exploitations agricoles à l’étranger.

D’autres destinent les terres à la culture du jatropha, du sorgho et d’autres cultures destinées à la production de biocarburants.

Lors d’une conférence tenue en décembre 2008, GRAIN (une organisation internationale qui soutient la lutte des paysans et des mouvements sociaux), attirait l’attention sur le fait que la crise alimentaire de ces deux dernières années a durement frappé les pays pauvres en Afrique et en Asie, parce que les efforts de ces dernières années ont été déployés pour produire des denrées alimentaires destinées aux marchés extérieurs plutôt qu’aux marchés intérieurs.

Au cours de cette même conférence, le secrétaire d’État français à la coopération et à la francophonie, Alain Joyandet, mettait en garde contre ces investissements provenant de pays étrangers qui ne devraient pas se faire «sans une protection des populations locales contre d’éventuelles crises alimentaires».

Dix millions de personnes sont menacées. Certes, la famine frappe particulièrement un pays doté d’un gouvernement ne contrôlant que la capitale, souffrant d’une sécheresse chronique, soumis au diktat du groupe islamiste al-Shabab, qui refuse de laisser entrer les convois humanitaires!

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Mais, comme toujours, ce sera encore le réveil tardif du continent. La conférence de l’Union africaine (UA), qui devait se tenir le 9 août et qui prévoyait une levée de fonds en faveur des victimes de la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, a été repoussée au 25 août. L’UA n’a fourni aucune raison à ce report. Bien longtemps après le G20, les organisations onusiennes et non gouvernementales. Toujours dans le rôle de médecin après la mort!

En attendant, la famine étend ses tentacules mortelles au Kenya et en Ouganda. Triste Afrique!

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