Nombre de mères, dont je fais partie, ont ressenti le syndrome de l’imposteur le jour où elles ont ramené à la maison leur nouveau-né (sans manuel d’instruction). L’expression «nurture shock» fait référence à cet état de choc quand on réalise que le fameux instinct maternel, qui nous pousse à protéger et soigner ce cher nouveau-né, ne saura nous dicter comment agir dans toutes les situations. On apprend vite à s’en remettre à une foule d’experts sur tous les sujets et bientôt s’installe une sorte de consensus collectif sur la «bonne façon de faire» tout et rien. Or, voilà que les auteurs de NurtureShock remettent en question la sagesse collective actuelle en s’appuyant sur une série de trouvailles scientifiques des dix dernières années sur le développement de l’enfant.
Il y a quelque temps, je parlais du livre Mindset de Carol Dweck (récemment traduit sous le titre Changer d’état d’esprit: Une nouvelle psychologie de la réussite). On y découvrait que notre façon de complimenter nos enfants s’est retournée contre nous. On voulait développer leur estime de soi; on a plutôt renforcé la croyance que les «bons» réussissent du premier coup et que l’effort est pour ceux qui n’ont pas de talent.
Les auteurs de NurtureShock utilisent justement ce sujet (se référant entre autres aux recherches de Carol Dweck) comme entrée en matière pour démontrer à quel point le consensus collectif peut être faussé et sans rapport avec les comportements observés dans notre société. Puis ils enchaînent avec les résultats des dernières recherches en matière de développement des enfants et des adolescents, ayant certainement bénéficié des nouvelles technologies de scan qui ont révolutionné la radiologie.
Passez-moi le sel
Je trouve important de lire ce genre de livres de temps à autre parce qu’ils nous rappellent de prendre l’avis des experts avec un grain de sel. Et que les données ne sont pas fixées dans le ciment. Les recherches évoluent, notre compréhension de la vie s’améliore continuellement (ou du moins, on est de plus en plus conscient de ce qu’on ne sait pas).
Nous sommes inondés d’articles sur les découvertes du jour, lesquels sont repris dans les médias, blogues et tweets, ce qui grandit leur crédibilité à nos yeux. On n’entend que la partie de l’info qui nous promet de faire «avancer» notre bébé. Ça donne l’industrie du vidéo pour bébé (pensez Baby Einstein) avec un chiffre d’affaires annuel de 4.8 milliards de dollars, basée sur la valeur éducative perçue de ces produits.