Terrorisme, populisme, visites, déficit…

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Publié 26/03/2016 par François Bergeron

Le même jour, mardi dernier, Bruxelles est attaquée, Rob Ford meurt, le gouvernement Trudeau présente son premier budget. Cette même semaine, Barack Obama visite Cuba et Marine Le Pen est au Québec. Et Jian Ghomeshi est acquitté. Voici, en vrac, quelques commentaires.

Ford

On s’est ingénié à trouver des qualités à l’ancien maire Rob Ford, décédé le 22 mars à l’âge de 46 ans. Personnage «coloré», «fougueux», «unique en son genre», «très humain»… On le taxait de «populisme», un vice. Désormais, ça veut dire qu’il était «proche du peuple», une vertu…

J’ai voté pour lui en 2010, surtout pour punir les syndicats qui nous avaient infligé la grève du ramassage des ordures, mais aussi parce que les autres candidats me semblaient être là pour la gloriole, pas pour servir la population. Je n’ai jamais fait partie de la mythique «Ford Nation».

Je croyais au début que Rob Ford allait faire un effort pour honorer sa fonction, ou que ses responsabilités de maire lui ôteraient le goût ou le temps de se dissiper… Erreur. Certains espèrent que Donald Trump se calmerait une fois élu président… J’en doute. Trump, c’est Ford avec des bombes atomiques.

Quelqu’un peut-il me fournir des exemples de politiciens que le pouvoir ait «bonifiés» ou «grandis»? Trudeau père? Lucien Bouchard? Ronald Reagan? Le contraire semble être la norme. Mais nos démocraties doivent permettre d’élire des citoyens «ordinaires» issus de tous les milieux. Comme disait Churchill, les alternatives sont pires.

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Ghomeshi

L’acquittement de Jian Ghomeshi était attendu: on se doutait bien que le juge ne pouvait en décider autrement en raison des témoignages contradictoires de ses victimes et de leur comportement inexplicable après les gestes qu’elles reprochaient à l’ex-animateur vedette de CBC… qui dataient de 2002 et 2003!

Ça n’a pas empêché les suspects habituels de soutenir que l’infatuation de ces femmes pour leur agresseur était courante ou normale (faux), et de réclamer des lois et un système judiciaire biaisés en faveur des victimes dans de telles causes (non merci, on va continuer de respecter la présomption d’innocence des accusés et les droits de tous devant les tribunaux).

Un autre procès contre Ghomeshi, en juin, pour des gestes plus récents (2008) commis à l’endroit d’une collègue de travail à CBC, pourrait produire un autre verdict.

Bruxelles

31 morts et 270 blessés dans le métro et à l’aéroport de Bruxelles: un autre attentat islamiste contre une démocratie occidentale le 22 mars, en lien direct avec celui du 13 novembre 2015 à Paris. La Belgique, voire un seul quartier de sa capitale, serait le foyer du terrorisme de Daesh en Europe et, per capita, sa source la plus importante de combattants étrangers.

Car tous les auteurs de ces derniers coups d’éclat sont nés en Belgique ou en France. Aucun réfugié parmi eux. Bien sûr ils sont tous musulmans, même si tous les musulmans ne sont pas des terroristes, bla, bla, bla, et la grande majorité des victimes du terrorisme dans le monde sont musulmans, bla, bla, bla.

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Ces jeunes désoeuvrés (?) ou marginalisés (?) se seraient radicalisés sur Internet plutôt que dans leurs mosquées ou leurs centres communautaires. À confirmer. Ils seraient davantage inspirés par l’ultraviolence exaltée par le Califat que par ses justifications ou ses promesses religieuses. À confirmer aussi…

Il reste que l’islam a un problème et que nous avons un problème avec l’islam… Ces défis ne sont pas intraitables, mais on ne les relèvera pas en criant «phobie».

Cuba

Fidel Castro aurait déjà dit qu’une détente américano-cubaine ne serait possible que quand les États-Unis éliraient un président noir et l’Église catholique un pape sud-américain…

Barack Obama a donc effectué une visite historique à Cuba, mettant fin à une cinquantaine d’années d’isolation et confirmant la normalisation des relations entre les deux pays. Seul un président américain en fin de mandat pouvait sans doute se permettre un tel geste, qui aurait dû survenir bien avant. Nixon a rencontré Mao et Brejnev. De tout temps, les États-Unis et les autres puissances occidentales traitent avec des régimes bien pires que celui de La Havane.

Surexcité par l’élection d’un noir à la Maison-Blanche – une telle ouverture étant inimaginable en Europe – le comité Nobel avait décerné en 2009 son prix de la Paix à Barack Obama, qui venait à peine d’entreprendre son mandat. Il n’aurait pas dû l’accepter tout de suite, mais il s’en est finalement montré digne: non seulement en se rapprochant de Cuba; mais aussi l’an dernier de l’Iran; en ne se soumettant pas à toutes les volontés d’Israël; en n’opposant que des sanctions, pas la guerre totale, face aux menées russes en Ukraine; en retirant ses troupes d’Irak avant d’être forcé d’y retourner confronter la menace de l’État islamique; et en promettant de fermer la prison de Guantanamo, ce que le Congrès l’a empêché de faire. Éventuellement, les États-Unis devraient carrément redonner l’enclave de Guantanamo à Cuba.

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On reprochera à Obama la campagne d’assassinats de combattants ennemis au moyen de drones dans plusieurs pays, et peut-être le soutien continu de Washington aux dictatures saoudienne, égyptienne et autres. Il a aussi contribué au renversement de Kadhafi en Libye, aujourd’hui en proie au chaos. Mais d’une façon générale, comparé à ses prédécesseurs, il a travaillé pour la paix.

Le Pen

Marine Le Pen, la chef du Front national, «premier parti de France», était de passage au Québec la semaine dernière. On n’a pas très bien compris pourquoi, puisqu’aucun élu québécois n’a voulu rencontrer cette personnalité radioactive. Attendons qu’elle soit présidente de la République, se sont peut-être dit Philippe Couillard, Pierre Karl Péladeau et les autres…

Elle avait déjà qualifié de «folie» la décision du Canada d’accueillir 25 000 réfugiés syriens. Elle a exprimé sa préférence pour le nationalisme du Parti québécois et sa défunte «charte des valeurs», contre le multiculturalisme libéral ambiant qu’elle apparente aux «bisounours».

Sa visite restera mémorable pour la longue entrevue qu’elle a accordée à Anne-Marie Dussault de l’émission 24 heures en 60 minutes à Radio-Canada.

Qui a gagné? Les opinions sont très partagées: Le Pen parce qu’on lui a fait l’honneur de passer à notre télévision, disent certains adversaires apoplectiques. Dussault parce qu’elle a confronté la chef du FN à un barrage de critiques, soutiennent les amis de l’animatrice. Le Pen par K.O. technique, dirais-je, parce qu’elle ne s’est pas emportée malgré son faux sourire, et qu’elle a pu exposer quelques-unes de ses idées, malgré l’obstruction juvénile de Dussault et ses demandes de justification pour des «insultes» imaginaires.

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Déficit

À lire dans L’Express: Des déficits au-delà du mandat libéral

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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