Société démocratique et démocratie

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Publié 13/07/2010 par Darnace Torou

Dans la livraison du 29 juin au 5 juillet 2010 de L’Express, François Bergeron observait que les pays du G8 avaient «surtout les mêmes problèmes économiques, pour les mêmes raisons: un endettement qui vient de leur volonté de satisfaire toutes les clientèles politiques. C’est le défaut de la démocratie.»

Des préoccupations que ne partagent pas les «pays en développement» qui, eux, ont des soucis plus «économiques».

Il se trouve qu’à la fin du mois de juin 2010, à la faveur de la rencontre des «grands» de ce monde, Toronto s’est donnée brutalement l’image d’une ville de l’Europe de l’Est des années 70-80, d’Amérique latine du temps de la dictature des juntes ou d’une ville d’Afrique, lors de la visite des chefs d’État! Non à la liberté de manifester son désaccord!

Les dérapages vus à la télévision et les traumatismes vécus par un millier de détenus sont un peu l’aboutissement d’une chronique de catastrophe déjà annoncée!

Se souvient-on de la démission de M. Sid Ryan, président de la Fédération ontarienne du Travail exigée par M. Mike McCormack, président de l’Association de la police de Toronto? Le premier avait demandé des assurances afin que des agents-provocateurs (une sorte de onzième colonne) ne soient pas utilisés pour justifier les violences!

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Dans tous les cas, les prévisions des Cassandre et la réalité se sont rencontrées dans les avenues et rues torontoises. Il en résulte des conséquences fâcheuses, car il y a eu :

– plus de 900 arrestations, record de la plus grande frappe de l’histoire canadienne (aux motifs disparates de méfait, de rassemblement illégal ou d’assaut contre des policiers);
– Non-assistance à commerces en danger, puisqu’il y a eu de la casse pendant deux heures au centre-ville. «Je n’avais jamais vu ça, commente le photographe indépendant François Pesant, et tout d’un coup, les policiers ont débarqué et ont arrêté tout le monde, alors que les casseurs avaient déserté les lieux depuis plusieurs minutes.»
– Humiliation des individus, comme la mésaventure de ce handicapé que l’on a privé de sa prothèse, celle-ci étant considérée comme une arme de destruction massive sans doute.
– Enfin, des citoyens ont enduré une douche collective naturelle, la pluie, pendant près de trois heures, bloqués par la police, sans que personne ne sache pourquoi.

La démocratie ne s’use que lorsque l’on ne s’en sert pas!

À quelque chose, malheur est bon, dit l’adage. La massive levée des boucliers des Torontois a été à la hauteur des violations des droits élémentaires des citoyens. Le premier ministre de l’Ontario a tiré des conclusions qui, à défaut de le blanchir, lui sauvent la face. C’est ce que l’on appelle du réalisme politique.

En effet, le 7 juillet, la presse cite M. Dalton McGuinty disant comprendre une rencontre des leaders mondiaux, mais indiquant, du même souffle que sa population a été psychologiquement affectée par les protestations, les fenêtres fracassées et l’imposante présence policière en marge de cette rencontre de chefs d’État.

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En bon politicien, et il fallait couper la poire en deux, il a renouvelé toute sa confiance à ceux qui ont eu à gérer la situation. Le message sans ambiguïté a été de dire que Toronto n’était pas disposée à rééditer l’expérience.

Quelle leçon tirer de tout cela? On ira sans doute chercher la recette dans l’univers communiste dans lequel on demandait régulièrement au peuple de demeurer vigilant et mobilisé. Le maintien de la démocratie et de ses acquis demeure une lutte permanente et les citoyens doivent conserver leur droit de manifester, un des piliers de la démocratie!

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