Leurs oeuvres tracent les contours d’un français pluriel qui fait le lien entre l’Europe et l’Afrique. Ils n’appartiennent pas forcément à la mère patrie, la France, mais sont les artisans d’une francophonie qui transcende les frontières des pays.
Grande figure de la littérature africaine, acteur majeur de la fierté noire ainsi que d’un humanisme fédérateur, le «poète-président» – il aimait qu’on l’appelle ainsi – Léopold Senghor est de ceux-ci. Au mois d’octobre cette année, il aurait soufflé ses 100 bougies. Il n’en a pas eu le temps, décédé cinq ans plus tôt, en 2001, à l’âge de 95 ans.
Michel Tétu, professeur à l’Université Laval et directeur de la revue L’Année francophone internationale, voue à l’homme que fut Senghor la plus grande admiration. Il affirme que, bien avant la montée en puissance des États-Unis, Léopold Senghor a été l’un des précurseurs de la mondialisation, mais pas au sens – souvent péjoratif – où l’on peut l’entendre présentement.
«Aujourd’hui, on parle beaucoup de nations dans un contexte global, déclare Michel Tétu. Senghor était en avance sur son temps, continue-t-il. Il a jeté les bases d’une mondialisation qui ne reposait pas sur l’uniformisation, mais sur une civilisation de l’universel, respectueuse des valeurs des autres pays, alors que la mondialisation qui nous arrive en provenance des États-Unis, c’est Coca-cola et McDonald’s pour tout le monde».
Un citoyen du monde