Second États généraux du théâtre franco-ontarien

Réaffirmer la pratique du théâtre

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Publié 06/10/2009 par Guillaume Garcia

Après des périodes d’affirmation et de consolidation, le théâtre franco-ontarien vit actuellement une situation qu’on peut appeler le syndrôme des «ions». La budgétisation, l’administration, les concertations, la planification, les subventions, les justifications font passer la pratique au second plan. La communauté a donc décidé d’organiser des États généraux du théâtre franco-ontarien ce sont les deuxièmes, après ceux de 1991 qui faisaient suite à une crise et une remise en cause profonde. Le mot d’ordre est clair, il faut remettre la pratique au premier plan.

Le comité de réflexion était composé de comédiens, de dramaturges et de représentants d’institutions scolaires. Il a proposé trois axes d’intervention: l’enseignement et l’apprentissage du théâtre, la dramaturgie franco-ontarienne et enfin le théâtre lui-même.

Le théâtre franco-ontarien est solidement inscrit dans la vie artistique de la province, mais beaucoup de personnes du milieu se plaignent de la lourdeur des tâches connexes à la pratique du théâtre.

«Le théâtre a eu son essor dans les années 70 parce que tout était à faire. Il y a eu beaucoup de création. Depuis, avec les demandes de subventions, les exigences de restructurations, de planification stratégique, le milieu s’est senti au bord de la crise de nerfs», résume Marie Thé-Morin, présidente de Théâtre action.

Alors, tous souhaitent redonner à la pratique du théâtre le rôle premier. «Il faut se redynamiser», indique le dramaturge Michel Ouellette, membre du comité de réflexion pour les second États généraux du théâtre franco-ontarien et ancien président de Théâtre action. Il faut, selon eux, favoriser plus que jamais l’expression.

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Et la tâche s’annonce ardue. En effet, pour laisser les comédiens, dramaturges, et autres metteurs en scène travailler uniquement sur la création, il faut réussir à recruter des administrateurs fidèles. Aujourd’hui, selon Marie Thé-Morin, les troupes, les petits organismes subissent de plein fouet la concurrence gouvernementale. «Souvent, ils viennent se faire la main dans les petits théâtres puis s’en vont pour un emploi dans une structure du gouvernement.»

Il faut également repenser le positionnement du théâtre par rapport au public. Le bilan des second États généraux du théâtre franco-ontarien met en lumière la nécessité de se rapprocher de son public et d’attirer une nouvelle clientèle. «Il faut trouver des moyens de démocratiser l’art. Leur montrer l’envers du décor», explique la présidente de Théâtre action. Un avis partagé par Michel Ouellette: «Il y a des clientèles qui ont été négligées. Les anglophones, les francophiles. Il faut orienter notre démarche en direction de ces publics, ainsi que vers les communautés ethnoculturelles», avant de préciser que «les réalités locales sont vraiment différentes». On peut penser notamment au Théâtre français de Toronto, qui fait des efforts non négligeables pour présenter des pièces sous-titrées en direct en anglais.

Un autre domaine d’action relevé par le comité de réflexion s’intéresse à la relève dans le théâtre franco-ontarien. Que ce soit pour les comédiens ou pour les dramaturges, les éléments de réponses se dessinent. Dans la continuité du festival de théâtre en milieu scolaire qui existe depuis 15 ans maintenant, il faut amener encore plus le théâtre dans les écoles, comme le rappelle le bilan des États généraux. «Plus le théâtre est vu et enseigné dans les écoles et les institutions post-secondaires, plus le milieu est dynamisé par l’arrivée de sang-neuf dans les rangs des professionnels, mais aussi dans les troupes communautaires, dans les cercles d’abonnés, dans les équipe de bénévoles et les écoles d’enseignement.»

La relève en dramaturgie éprouve des difficultés à se faire connaître et à émerger. «On (Michel Ouellette et Marie Thé-Morin, ndlr) a été découverts par un professeur mordu de théâtre mais aujourd’hui les professeurs sont trop débordés, on a besoin d’insuffler des mécanismes pour les jeunes qui aimeraient écrire. Cela passe par la mise en place de monitorat avec des auteurs confirmés. Il faut faire rentrer l’artiste à l’école», analyse Marie Thé-Morin.

Un des derniers aspects d’affirmation soulevé par le comité de réflexion vise la place accordée par les médias au théâtre et aux arts en général. «Il faut faire comprendre à la population ce qu’est l’art. Ce qui est vraiment important c’est le discours sur la valeur de l’art».

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En filigrane, dénoncer les actions des gouvernements qui ont tendance à dire «l’art c’est du surplus, on peut couper», avance Michel Ouellette.

Il ne faut pas attendre des retombées concrètes à court terme sur l’aspect création artistique, mais on peut d’ores et déjà reconnaître la volonté du théâtre franco-ontarien de se rapprocher du public et de faire connaître son travail.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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