C’était un homme petit, rêveur, les yeux souvent tournés vers ailleurs. Il mangeait du riz. À tous les repas. Dans des coupelles de porcelaine bleue à grains de riz. Parfois avec ses baguettes, par habitude, quand ma grand-mère laissait faire.
Mon grand-père a vécu jusqu’à l’âge adulte en Indochine. Il y est resté d’âme et de coeur, même si c’est en Occident qu’il a vécu. Et c’est de son pays, de sa ville, Dalat, qu’il ma parlé et dont il m’a charmé toute mon enfance et ma jeunesse.
Aujourd’hui, pour la première fois, je pose le pied sur cette terre qu’il n’a jamais véritablement quittée et que je connais par ces récits.
Le Viet Nam d’antan
À l’époque, le pays s’appelait Indochine. La musique que véhiculait ce nom pour moi s’accompagnait des images que me livrait mon grand-père et que je retrouverai plus tard dans le film éponyme de Régis Wargnier: lumière unique, temps qui s’étire, toilettes élégantes, femmes au discret sourire et portant chapeau conique traditionnel vietnamien, la Baie d’Ha Long et ses bateaux à voiles rouges.
Des clichés, sans doute. Mais aussi des souvenirs d’enfance à écouter mon grand-père parler de son pays, de son enfance.