Conservateurs, Néo-Démocrates, Libéraux et Verts ont rapidement proclamé leur chef respectif vainqueur du premier débat organisé le 6 août par le magazine Maclean’s en vue du scrutin fédéral du 19 octobre. En réalité, si les quatre s’en sont relativement bien tirés, les attentes n’étaient pas les mêmes pour chacun.
La barre était plus haute pour Stephen Harper, premier ministre depuis 9 ans, qui n’a pas particulièrement brillé. Il a semblé traiter cet événement – comme peut-être ces premières semaines de campagne – comme une opération de reconnaissance ou un exercice de réchauffement avant les véritables engagements de septembre et octobre.
L’attention et la curiosité se portaient davantage sur Thomas Mulcair, «le diable qu’on ne connaît pas», parce qu’il mène dans les sondages (car les médias sont obsédés par les sondages, plusieurs électeurs aussi, pour le meilleur et pour le pire). Depuis la vague orange de 2011 au Québec, le NPD est une coalition d’intérêts plus hétéroclites que celle des autres partis. C’est nouveau et ça lui présente autant de dangers que d’opportunités.
Mulcair s’ingéniera à réconcilier les voeux de sa vieille base «socialiste» (le mot a été purgé de la constitution du parti) et de la «classe moyenne» qu’il veut attirer, de sa nouvelle base québécoise et de ses fidèles en Ontario et dans l’Ouest. Il peut finir par crouler sous ces contradictions comme réussir à en faire un tremplin vers le pouvoir.
Les attentes étaient minimales pour Justin Trudeau, mais le jeune chef libéral (43 ans) ne s’est pas planté, confirmant sa passion et son dynamisme. Il s’est cependant illustré (contre Mulcair) sur l’enjeu le plus éloigné des préoccupations des Canadiens en 2015: l’unité nationale et la majorité référendaire qui permettrait au Québec de se séparer!