Richard Desjardins fidèle à lui-même

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Publié 23/03/2010 par François Bergeron

Si j’écrivais dans le Forum de L’Express un hommage à «l’honnêteté d’Ernesto (Che) Guevara» et «la franchise de Karl Marx», on rirait dans mon dos. 
Ça passerait pour une folie douce, un réflexe passéiste trahissant mon âge avancé, pour ne pas dire mon gâtisme.

Si, une autre fois, j’écrivais une diatribe contre Benoît XVI et le Vatican, ce «nique à fifs», en suggérant qu’après les tours de New York, «ça ferait une belle cible pour al-Qaïda», je serais peut-être poursuivi par la Commission des droits de la personne pour homophobie et fiché à la police pour affiliation terroriste.

Au minimum, je serais dénoncé par des lecteurs du journal pour mon manque de respect envers autrui, voire mes pulsions meurtrières. En examinant mes textes passés, dont un hymne aux «abattoirs de millionnaires», on comprendrait mieux l’ampleur du désastre 
intellectuel.

Mais si j’étais poète, chanteur et musicien comme Richard Desjardins, j’aurais été ovationné, comme il l’a été, par les 300 personnes qui ont rempli la salle 
Brigantine de Harbourfront samedi soir, pour son spectacle inaugurant la Semaine de la francophonie à Toronto.

Desjardins est un maître de la rime qu’on n’attend pas et de l’image qui nous transporte dans l’âme des gens qui méritent un monde meilleur: autochtones du Grand Nord, ouvriers des mines de l’Abitibi, nations opprimées d’Amérique latine (à l’exception sûrement du paradis communiste cubain).

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Seul en scène avec sa guitare, Desjardins est une sorte de Bob Dylan québécois (sauf que Bob Dylan n’a jamais été staliniste) dont la voix tour à tour douce et puissante, comme sa musique, a le mérite de déjouer nos attentes et de nous forcer à réfléchir sur la vie en société.

Ce qui ne veut pas dire, heureusement, que tout le monde avale sa salade syndicaliste, même si tout le monde applaudit et en redemande (sauf peut-être quelques homos et de rares libertariens) parce que la majorité de ses chansons portent encore sur les valeurs universelles que sont l’amour, l’amitié, le sexe…

Avant lui, la Franco-Ontarienne Cindy Doire, rentrée d’Europe quelques heures plus tôt seulement, elle aussi seule en scène avec sa guitare, a charmé le public par ses balades, son humour et sa modestie.

Bref, une soirée mémorable et un succès d’organisation pour Sophie Bernier, la coordonnatrice culturelle du Centre francophone de Toronto, et son comité de la Semaine de la francophonie.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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