Revoilà le printemps (arabe)

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Publié 06/03/2012 par François Bergeron

Un chroniqueur arabe critiquait, l’an dernier, l’expression «printemps arabe», réductrice selon lui, pour désigner les révoltes populaires dans plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Ces événements ne dureront pas seulement une saison, faisait-il valoir. Mais justement, pour nous, Nord-Américains et Européens qui connaissons de vrais hivers, le printemps symbolise la renaissance.

Les changements survenus en Tunisie, en Égypte et en Libye ne font pas encore l’unanimité et suscitent des inquiétudes légitimes, notamment sur le sort des femmes et des minorités religieuses. Mais le vin est tiré… 

Du Maroc à la Jordanie, en passant par l’Algérie et le Golfe persique, plusieurs régimes autoritaires, datant de la Décolonisation et de la Guerre froide, ont compris que ce mouvement était irréversible et commencent à s’ouvrir à quelque chose qui pourrait s’apparenter un jour à la démocratie.

D’autres, comme le gouvernement de Bachar el-Assad en Syrie, considèrent tout compromis comme un aveu de faiblesse et s’enfoncent dans la répression: plus de 8000 morts depuis un an en Syrie.

Le cas de la Syrie n’est pas simple… et celui de l’Iran est encore plus compliqué! Comme en Irak avant l’invasion américaine, le gouvernement syrien est soutenu par une minorité (religieuse) qui se méfie de la majorité. Avec l’Iran, il manipule diverses factions au Liban. C’est un client de la Russie et de la Chine qui le protègent à l’ONU. Ennemi d’Israël, il rend néanmoins certains services aux Occidentaux (c’est là qu’on avait envoyé Maher Arar se faire «interroger»).

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Et comme ailleurs dans le monde arabe, l’opposition syrienne est composée de groupes disparates, parfois rivaux: on trouve quelques démocrates au sens où on l’entend chez nous, aussi des islamistes proches d’al-Qaïda, mais surtout des jeunes désoeuvrés et désespérés. Comme en Libye, des déserteurs de l’armée, qui trouvent injustifiable de tourner leurs armes contre leur propre peuple, rejoignent la résistance.

Bien sûr, les jours d’Assad à la tête de la Syrie sont comptés. Comme Ben Ali, Moubarak et Khadafi, Assad accuse des forces extérieures occultes de fomenter les troubles chez lui. C’est toujours la dernière carte des dictateurs, celle que joue aussi le régime iranien pour étouffer toute contestation.

Ici, malheureusement, Israël et ses alliés américains, canadiens et européens alimentent cette paranoïa en discutant ouvertement de plans de bombardement des installations nucléaires iraniennes. La bombe islamiste existe pourtant, au Pakistan, et, comme le nucléaire nord-coréen, semble gérable.

Israël devrait se concentrer sur ses problèmes plus immédiats avec ses voisins palestiniens, dont la résolution contribuerait puissamment à désamorcer d’autres crises dans son voisinage.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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