Retroussez vos manches

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Publié 27/10/2010 par François Bergeron

Nos partis politiques, qui s’escriment sur les scènes fédérale et provinciale, ne sont pas invités sur la scène municipale. Et pourtant, la récente campagne à la mairie de Toronto opposait un conservateur, un libéral et un néo-démocrate.

Le NPD est particulièrement actif au niveau des quartiers et même du conseil scolaire public (anglophone, évidemment). Le chef fédéral actuel, Jack Layton, de même que son épouse Olivia Chow, elle aussi députée au Parlement, sont tous les deux d’anciens conseillers municipaux torontois. Et le fils de Jack, Micheal Layton, occupera le siège abandonné par Joe Pantalone au Conseil de Ville.

Jusqu’au printemps dernier, George Smitherman était l’un des ministres les plus importants du gouvernement libéral ontarien de Dalton McGuinty.

Le père du nouveau maire Rob Ford (et de son frère Doug, élu dans son quartier d’Etobicoke) a été député conservateur provincial à la belle époque de Mike Harris. Ce dernier a d’ailleurs fait une apparition au quartier général de Ford le soir du scrutin. Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, un ami de la famille, s’est aussi manifesté à ses côtés pendant la campagne.

Rob Ford est d’ailleurs à la recherche de conseillers dans ces milieux conservateurs, qui ont tout intérêt à ce ça se passe bien à Toronto pendant son mandat, pour que cette conquête de la plus grande ville du pays se traduise par d’autres percées des conservateurs provinciaux et fédéraux en milieu urbain, où ils sont souvent vus comme des extraterrestres.

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Il est donc clair que nos partis politiques sont très présents sur la scène municipale, même si leurs logos n’ont pas leur place sur les pancartes électorales et que leurs noms n’apparaissent pas sur les bulletins de vote. Personne n’est dupe, mais personne ne souhaite l’officialiser non plus, car on s’attend à ce que le maire et les conseillers municipaux, qui traitent de dossiers plus prosaïques, mais aussi plus proches des gens, que les élus provinciaux et fédéraux, soient au service et à l’écoute de tous les citoyens.

Si on compare les résultats de lundi dernier aux recommandations pré-électorales du magazine Now (qui est pratiquement l’organe officiel de la gauche du NPD, et dont le rédacteur en chef a appelé à voter pour Pantalone, bien que sa partenaire éditrice a choisi Smitherman), on constate que le Conseil de Ville compte une vingtaine de soi-disant «progressistes» (sur 44 élus) qui pourraient constituer une opposition plus ou moins concertée au nouveau régime.

Rob Ford cherchera ses appuis auprès de la vingtaine d’autres élus, qui ne sont pas tous des conservateurs purs et durs mais qui reconnaîtront qu’il a reçu un mandat populaire pour rationaliser les dépenses de la ville et privatiser certains services.

Il n’est pas certain qu’il pourra réduire les taxes, car il sera primordial d’afficher un budget équilibré. Et sa promesse irréfléchie de réduire de 44 à 22 le nombre de conseillers municipaux (pour laquelle il a besoin de l’aval de Queen’s Park) sera sans doute la première qu’il bradera dans le nécessaire marchandage politique qui lui permettrait de mettre sur pied une administration fonctionnelle. Il a aussi promis d’embaucher 100 policiers de plus, alors qu’on en a déjà trop; mais qui osera l’affirmer publiquement?

La victoire de Rob Ford est associée à une forte augmentation (40% en 2006, 50% en 2010) de la participation au scrutin municipal, ce qui lui confère une double légitimité.

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Il ne faut pas chercher très loin la source de cette mobilisation: la grève des employés municipaux, à l’été 2009, a aliéné les Torontois de leur administration municipale (au pire moment: alors que de nouvelles taxes entraient en vigueur).

Ford a su incarner la colère, tout à fait justifiée, des citoyens. Elle s’est exprimée lundi mais, comme toute colère, elle doit s’apaiser et faire place à plus de sérénité face aux défis que pose la gestion d’une ville complexe comme Toronto. Bonne chance à la nouvelle administration!

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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