La politique américaine au Moyen-Orient – tout le monde le sait, y compris George W. Bush – est un fiasco. Je dis « américaine » mais on pourrait dire « anglophone », parce que ce sont surtout la Grande-Bretagne, l’Australie et, depuis nos dernières élections, le Canada, qui sont associés à ce qui se passe en Afghanistan, en Irak, en Palestine et au Liban. D’aucuns diraient plutôt « américano-israélienne », parce que, depuis quelques années, les interventions de Washington dans cette région du monde paraîssent téléguidées de Jérusalem et servir principalement les intérêts d’Israël.
IRAK
La plus importante de ces interventions, l’invasion et l’occupation de l’Irak, a desservi de façon spectaculaire les intérêts des Américains:
– leur réputation est discréditée par les mensonges et les erreurs de leur gouvernement, et par l’insignifiance manifeste de leur classe politique, médias et intellectuels;
– leur économie (et, par ricochet, la nôtre) est sapée par l’endettement périlleux et le gaspillage énorme occasionnés par cette guerre, et par la pléthore de mesures de sécurité adoptées au pays;
– cette véritable paranoïa a dégradé les droits constitutionnels des Américains et bafoué leur système judiciaire, malmené les droits des étrangers et ignoré les lois des autres pays;
– les menaces d’attentats contre les États-Unis et leurs alliés, loin d’être éradiquées, sont au contraire aggravées par une « guerre au terrorisme » qui révolte non seulement les nations chez qui elle est menée, mais aussi leurs coreligionnaires et leurs enfants nés chez nous.
Que faire? Quitter l’Irak évidemment. Je suis toujours stupéfié d’entendre d’anciens partisans de l’invasion admettre leurs erreurs – voire leurs mensonges – mais affirmer qu’un retrait empirerait la situation. Il est scandaleux qu’aucun comité du Congrès ou candidat présidentiel ne réclame un calendrier de retrait des troupes américaines d’Irak dans les prochains 12 ou 24 mois.
Un mandat de l’ONU serait alors souhaitable pour continuer de protéger la région kurde autonome déjà pacifiée au nord. Mais on devrait laisser les Sunnites du centre et les Chiites du sud se séparer, même si les premiers se tournaient vers les anciens sbires de Saddam et les seconds vers l’Iran. À moins qu’une fois débarrassés de l’occupant américain, ils choisissent enfin de partager le pouvoir afin de restaurer la sécurité, l’eau, l’électricité, le commerce…