Rencontre avec le Dr Éric Pierre, consul honoraire d’Haïti et fondateur de Pierspective Entraide Humanitaire

Miser sur les Haïtiens, la diaspora et les amis du pays

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Publié 11/01/2011 par Annik Chalifour

Le pire tremblement de terre depuis 200 ans, a frappé Haïti le 12 janvier 2010. Depuis le séisme, plusieurs francophones de la Ville Reine poursuivent nombre d’activités de solidarité en faveur d’Haïti. L’Express a rencontré le Dr Éric Pierre, consul honoraire d’Haïti, qui est aussi président fondateur de l’organisme de charité Pierspective Entraide Humanitaire créé en 2002, et dont le mandat vise à appuyer des activités de secours d’urgence et des projets de développement en Haïti.

La Ville de Port-au-Prince abrite 2,5 millions d’Haïtiens; il est estimé qu’un dixième de cette population a péri lors du désastre l’an dernier. Sans compter la perte de 3300 personnes causée par l’épidémie de choléra qui sévit sur l’île depuis trois mois. 1.3 million d’habitants restent encore sans abris. Plus de 50% de la population actuelle sur l’île est âgée de moins de 20 ans.

La situation politique reste tendue. Le système judiciaire est déficient et le taux de criminalité continue de grimper. Le Dr Pierre a déploré l’inefficacité des Forces de Paix des Nations Unies installées en Haïti depuis sept ans: «Il serait temps de réviser leur mandat, de préciser leur intention en fonction des besoins du pays», a exprimé le consul.

Par ailleurs, on attend le rapport des experts de la mission de vérification des résultats des récentes élections, dépêchée en Haïti par l’Organisation des États Américains, avant de déterminer la prochaine étape du processus électoral.

Le second tour des élections avait été fixé au 16 janvier, mais on a laissé sous-entendre qu’il pourrait être retardé en février. Certains médias prédisent que les experts pourraient remettre leur rapport d’ici la fin de semaine prochaine.

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Visionner un meilleur futur

Selon le Dr Pierre, «il faut continuer la lutte en trouvant des solutions haïtiennes aux défis haïtiens. Mais on ne peut pas mener cette lutte seuls.»

«Il faut garder la foi dans notre capacité à nous renforcer avec le support des amis d’Haïti, les membres de la diaspora dont nombre d’entre eux peuvent prêter leur expertise, et aussi en collaboration avec les experts internationaux. Si on ne perd pas de vue une issue positive, il y a place pour le progrès!», a soutenu le consul.

«En s’engageant dans la reconstruction d’Haïti, on doit faire preuve d’une certaine dose d’attitude positive, ne pas se laisser abattre par l’image d’une réalité désespérée, essayer de visionner un meilleur futur, basé sur le potentiel du pays dans les 10-20 prochaines années», selon le Dr Pierre. «Pour cela, il faut s’accrocher à notre sens d’appartenance, à notre dignité, au sentiment que nous sommes en train de gérer notre avenir.

La dignité d’un peuple ne peut pas coexister avec la dictée de l’extérieur. Mais cela n’exclut pas le transfert d’expertise.»

Partenariat avec le Conseil scolaire catholique

Suite au tremblement de terre, Haïti a perdu nombre d’enseignants et plusieurs écoles ont été détruites. «Bien que rétablir l’éducation en Haïti est primordial pour le futur du pays, il faut mener à la fois des stratégies à court et long terme» a précisé le Dr Pierre.

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Dans l’optique du court terme associé à l’aide d’urgence, Pierspective Entraide Humanitaire (PEH) organisera vers la mi-janvier, l’acheminement d’équipements pour les victimes amputées ainsi que de produits d’hygiène personnelle. «Ces dons proviennent respectivement de Niidham Jolly et du Don Valley Hotel & Suites», a précisé le consul.

En matière de long terme, PEH débute un partenariat avec le Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud et La Conférence haïtienne des religieux, association de prêtres et religieuses œuvrant en Haïti.

«Dans un premier temps, cette collaboration vise la construction d’une école pour la région de Corail. Des discussions sont en cours en vue de permettre des échanges de ressources éducatives.»

D’autre part, PEH travaille aussi en collaboration avec l’Église Baptiste chinoise à Toronto pour organiser une levée de fonds, les 15-16 janvier. Les profits serviront à appuyer l’école Meyotte, située à Pétionville. «L’envoi de fournitures scolaires et le déploiement d’enseignants font partie des discussions: un bel exemple de transfert d’expertise», a conclu le Dr Pierre.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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