L’été est souvent calme en ce qui concerne la vie politique nationale des pays. Pourtant, la France vient de passer un cap important en votant une réforme touchant l’organisation de ses institutions. Les problèmes des institutions françaises et les propositions pour les résoudre avaient occupé une place importante pendant la campagne présidentielle de 2007, plusieurs candidats évoquaient alors un passage à une sixième république, synonyme de changement complet de Constitution. Sans aller aussi loin, la réforme adoptée par 539 voix contre 357 (majorité de trois cinquième) par le Parlement, rassemblé en congrès à Versailles le 21 juillet dernier, amène toutefois un rééquilibrage des forces entre l’exécutif et le législatif.
«On a eu le bac» a déclaré selon Roger Karoutchi (relation avec le Parlement) le Président Nicolas Sarkozy lors d’un déjeuner réunissant les principaux acteurs de la réforme des institutions. En clair, cette métaphore signifie que l’on peut travailler avec acharnement pendant toute une année mais, si l’on échoue au bac, tout est à refaire. Le projet de réforme avait émergé suite au rapport rendu par une commission présidée par Edouard Balladur, ancien Premier ministre. Dans ce rapport, la commission faisait 77 propositions afin de «moderniser les institutions». Les points très médiatisés étaient: la possibilité pour le Président de la République d’intervenir directement devant le Parlement rassemblé en congrès, le non cumul des mandats, et la limite à deux mandats pour la fonction présidentielle (auparavant aucune limite en’existait).
Si l’ensemble de la classe politique, mis à part les extrêmes, s’accordaient sur le fait qu’une modernisation des institutions politiques était nécessaire, le vote fut serré, pour des raisons politiques, au sens partisan du terme. L’encre a beaucoup coulé quant au vote de l’ancien ministre socialiste Jack Lang, qui a approuvé le projet alors que le Parti socialiste appelait ses membres à voter «non» à la réforme. Jack Lang faisant parti de la commission ayant élaboré le projet, son vote semble cohérent avec ses actes.
Aujourd’hui, la réforme est adoptée, même si son application prendra plus de six mois, selon le calendrier mis en place par Roger Karoutchi. Il faut donc regarder quels sont les véritables changements amenés par cette modernisation des institutions.
Le citoyen
Pour le citoyen, plusieurs points attirent l’attention. Tout d’abord le fait qu’il puisse saisir directement le Conseil constitutionnel s’il considère que la loi qu’on lui oppose porte atteinte aux droits et libertés, ce qui n’existait pas auparavant. Ensuite, le Président de la République nommera pour six ans un «défenseur des droits des citoyens», qui remplacera l’actuel médiateur de la république. Son rôle, explique le Consul de France par intérim à Toronto, Bruno Jouannem, «est d’étudier et de suivre toutes les difficultés concrètes que peuvent rencontrer les citoyens, y compris les citoyens faisant l’objet de mesures de rétention, ou prisonniers.» À noter également que toute entrée de pays dans l’Union européenne fera l’objet d’un référendum, sauf si une majorité de trois cinquième dans chaque assemblées (Assemblée nationale et Sénat) en décide autrement.