Le nouveau Parti Conservateur formé par les Alliancistes (ex-Réformistes) et les Progressistes-Conservateurs met les bouchées doubles pour choisir un chef, des candidats et s’organiser en vue d’élections que le premier ministre Paul Martin pourrait tenir dès le printemps.
Élu en janvier 2003 à la tête du Nouveau Parti Démocratique, Jack Layton a eu un peu plus de temps pour se familiariser avec Ottawa, son caucus, les médias, ses adversaires. Il a convaincu Ed Broadbent, ancien chef respecté et encore populaire, d’effectuer un retour à la politique active. Récemment, il a réussi un beau coup en approchant publiquement Sheila Copps et les autres Libéraux de «gauche» évincés par Paul Martin ou inquiets d’un virage à «droite», réel ou appréhendé, de l’ancien parti de Jean Chrétien. Il est déjà en campagne contre une éventuelle participation canadienne au bouclier anti-missiles américain. Bref, il est visible.
Gilles Duceppe, député fédéral depuis 1990 et chef du Bloc québécois depuis 1997, se prépare depuis plus longtemps encore à affronter Paul Martin. Le renversement du gouvernement péquiste par les Libéraux de Jean Charest au Québec en avril 2003 vient renforcer sa position: plusieurs électeurs sont déjà mécontents des Libéraux, d’autres seront soucieux de rétablir un «équilibre» politique entre Québec et Ottawa en votant pour le Bloc.
Pour les mêmes raisons, l’élection des Libéraux de Dalton McGuinty en Ontario le 2 octobre dernier ne favorise pas leurs grands frères fédéraux. Les trois partis d’opposition pourraient donc faire mieux, face à Paul Martin, que la dernière fois contre Jean Chrétien.
L’inconnue reste la performance du nouveau Parti Conservateur: il pourrait réussir à constituer une alternative crédible aux Libéraux (alternative absente de la scène fédérale depuis dix ans) ou il pourrait s’effondrer complètement. Dans le premier scénario, les Conservateurs consolideraient leur position en tant qu’opposition officielle, en gagnant des sièges en Ontario. Les Libéraux pourraient même se retrouver minoritaires au Parlement.