Rare moment de liberté

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Publié 08/11/2009 par François Bergeron

La chute du mur de Berlin, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, est l’un des plus beaux moments de l’histoire.

L’événement aurait pu provoquer un bain de sang mais n’a donné lieu qu’à des débordements de joie. L’Allemagne était réunifiée un an plus tard. On a du mal à croire que cela fait seulement 20 ans, tant la Guerre froide paraît lointaine et le totalitarisme grotesque. Pourtant, la veille, peu de gens, à l’Est comme à l’Ouest, imaginaient qu’un tel changement allait se produire de leur vivant.

Le communisme a fait entre 50 et 100 millions de morts, principalement en Union Soviétique et en Chine, mais aussi au Cambodge, en Éthiopie, à Cuba, en Europe de l’Est… soit, au minimum, autant de victimes que toute la Seconde Guerre mondiale.

Dans plusieurs pays libérés en 1989 et 1990, il a été officiellement désigné «système criminel». La Hongrie a son «Musée des horreurs du communisme». Contrairement aux anciens officiers nazis à Nuremberg, on a fait peu de procès aux anciens dirigeants communistes, quoique certains d’entre eux, comme le couple Nicolae et Elena Ceaucescu en Roumanie, aient été sommairement exécutés.

Les partis communistes, presque tous dissous dans les pays de l’Est, y sévisssent encore sous de nouveaux noms et certains d’entre eux ne sont pas loin du pouvoir.

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C’est à l’Ouest qu’ils n’ont même pas eu la décence de changer de nom, ni d’ailleurs de programme, bien qu’heureusement leur popularité a chuté à des niveaux inoffensifs. Et même si la défaite du communisme est plus récente que celle du nazisme, le symbole maudit de la faucille et du marteau n’a jamais suscité chez nous – comme il le devrait si les gens étaient mieux informés – le même niveau d’indignation que la croix gammée.

Malgré les exploits dans l’espace et les médailles olympiques, les populations emprisonnées derrière le rideau de fer ont connu surtout la privation et le mensonge. Le temps, c’est-à-dire le progrès, s’est arrêté avec la prise du pouvoir par les communistes (généralement par un coup d’État, pas une vraie révolution au sens de 1776 ou de 1789) et n’a recommencé qu’en 1990.

Malgré une certaine libéralisation économique qui lui permet d’évoluer, la Chine conserve un régime autoritaire, tandis qu’une foule d’autres pays, en Afrique et en Asie, n’ont jamais cessé de faire la vie dure à la démocratie et aux libertés. La Russie elle-même ne maîtrise pas toujours ses vieux réflexes. Mais au moins, à quelques exceptions près comme la Corée du Nord, le totalitarisme, ce contrôle absolu de l’État sur toutes les activités de ses sujets, a disparu. La concurrence de l’Occident a joué un rôle, mais ce système meurtrier, pollueur et débilitant s’est surtout effondré sous le poids de son inefficacité.

Le contrôle d’importants arsenaux nucléaires par Moscou rendaient impossible toute intervention directe de l’OTAN contre le Pacte de Varsovie. On aurait pu, en 1945, forcer l’Armée rouge à quitter l’Allemagne, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie, mais on en avait assez de la guerre. De plus, on pouvait croire que ces populations européennes modernes n’allaient pas se laisser faire… Ce qu’on n’avait pas prévu, c’est que cela allait prendre plusieurs décennies.

Pendant tout ce temps, la dissuasion fondée sur une capacité militaire comparable ou supérieure à celle de l’ennemi a permis à l’Alliance Atlantique de tenir l’empire soviétique en échec, malgré des dérapages en Corée, au Vietnam, en Afghanistan et ailleurs.

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Aujourd’hui, on tente de justifier par la «guerre au terrorisme» le maintien de forces armées occidentales presqu’aussi importantes que durant la Guerre froide. Cela se discute. La menace islamiste contre notre mode de vie n’est pas aussi immédiate et dangereuse que ne l’était la menace communiste entre 1945 et 1990, mais le progrès de l’humanité exige ici aussi que cette menace finisse par être éradiquée.

Comme pour les Allemands de l’Est qui ont défié leur régime et détruit le mur de Berlin, c’est de l’intérieur, au sein des populations inféodées aux dictatures religieuses, que doit venir la pression pour casser les carcans physiques et psychologiques.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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