Rapport du commissaire aux langues officielles

Le gouvernement lâche prise

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Publié 01/06/2010 par Guillaume Garcia

Après de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Vancouver, un débat a éclaté quant au manque de français dans la programmation. Le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser a reçu de multiples plaintes à ce sujet mais également des requêtes concernant la trop grande place accordée au français. Le bilinguisme est-il un boulet ou une chance? Les réponses peuvent varier selon les interlocuteurs mais Graham Fraser insiste dans son dernier rapport sur la chance que représente la dualité linguistique. Des améliorations ont effectivement eu lieu depuis 40 ans mais le gouvernement semble maintenant laisser faire plus qu’il ne défend cette dualité. Graham Fraser le rappelle à l’ordre, de manière claire.

«Nous ferions d’énormes progrès comme pays si nous reconnaissions l’autre langue non pas comme une obligation, une imposition ou une concession, mais comme un précieux avantage.»

Graham Fraser ne passe pas par quatre chemins et conclue son sommaire par cette phrase cinglante en direction de toutes les critiques de la dualité linguistique et les sceptiques sur la chance que représente le bilinguisme.

Cette année le rapport contient deux volumes, le premier vient d’être dévoilé, l’autre arrivera à l’automne et contiendra toutes les données liées aux plaintes.

Le volume publié la semaine dernière est organisé en trois chapitres traitant de la nécessité d’investir dans la dualité linguistique, le second de la gouvernance (chapitre proche de celui du précédent rapport sur le leadership du gouvernement) alors que la troisième partie propose des témoignages en faveur du bilinguisme et avance quelques pistes de solutions pour renforcer le bilinguisme dans la fonction publique.

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Tout passe par l’école

Comme le rappelait déjà Graham Fraser l’a passé dans on rapport (L’Express du 2 au 8 juin 2009), il s’agit pour les jeunes Canadiens « d’acquérir des compétences qui leur serviront sur le plan professionnel, personnel et culturel». 

Il persiste et signe dans le rapport 2010 en avançant dès le premier chapitre que c’est en «favorisant l’apprentissage du français ou de l’anglais langue seconde» qu’on promeut la dualité linguistique.

Il soutient que «beaucoup d’enfants veulent s’inscrire en immersion française, mais doivent y renoncer parce qu’il manque des places dans les programmes existants ou des problèmes de financement menacent leur survie».

L’an passé Graham Fraser soulignait que le bilinguisme avait l’appui de près de 80% des 18/34 ans, preuve que les jeunes voient bien les avantages liés au bilinguisme. Aujourd’hui, il s’attaque aux paliers universitaires qui, selon lui, ne proposent pas assez de solutions viables aux élèves souhaitant «parfaire les connaissances linguistiques acquises à l’élémentaire et secondaire».

Pour favoriser l’homogénéité des niveaux et la mobilité entre universités et les écoles, le commissaire encourage le gouvernement à créer un système commun au cadre européen de référence pour les langues, afin de fixer les cibles linguistiques requises dans la fonction publique fédérale.

Fixer des objectifs clairs aux étudiants, avec niveaux de langue requis après tant d’années d’études permettrait aux employeurs de réellement connaître les connaissances des candidats dans le domaine linguistique. En tant que premier employeur du pays, le gouvernement aurait tout intérêt à investir plus dans le bilinguisme dès le plus jeune âge.

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Une gouvernance en déroute

Si le gouvernement prend du retard au niveau scolaire dans l’apprentissage de la langue seconde, cela se confirme au niveau des gouvernances globales de la dualité linguistique dans chaque domaine d’action.

Graham Fraser pointe du doigt les services aéroportuaires qui donnent aux dispositions de la Loi sur les langues officielles «Un champ d’application plus limité que ce que faisait le gouvernement lorsqu’il gérait lui-même les grands aéroports du pays».

Les Jeux olympiques de Vancouver arrivaient comme un test pour les aéroports du pays et l’an dernier, Graham Fraser s’inquiétait de la manière dont tout cela allait être géré. Finalement, les Jeux ont été plutôt une belle réussite, avec un affichage dans les deux langues et des bénévoles qui étaient postés un peu partout pour diriger les sportifs et les visiteurs.

Le manque de leadership global du gouvernement, déjà critiqué dans le précédent rapport du commissaire, a poussé ce gouvernement à réorganiser le Secrétariat du Conseil du Trésor sans consultation et «l’appui que fournissait [ce secrétariat] aux institutions fédérales sur le plan des langues officielles risque d’avoir d’importantes répercussions négatives», avance Graham Fraser, qui poursuit en mettant en exergue la crainte de plusieurs organismes fédéraux «que cette perte d’expertise ait des effets marqués sur la capacité de leur institution à appliquer La Loi sur les langues officielles».

Ceci n’est qu’un exemple, mais le bât blesse en plusieurs points. De nombreux organismes, comme la Fédération des communautés francophones et acadiennes, se plaignent de retards dans les financements qui occasionnent des disparitions de postes ou de services. Par ce manque de leadership, le gouvernement fédéral peut mettre en péril la vitalité des communautés en situation minoritaire.

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Un rôle d’exemple

Graham Fraser exhorte le gouvernement à jouer un rôle d’exemple quant à l’utilisation de sa première langue au travail. Selon lui, le fédéral «est encore loin d’avoir éliminé l’ensemble des obstacles qui nuisent à l’utilisation pleine et entière du français et de l’anglais comme langues de travail dans la fonction publique.»

Après avoir mené des études, le commissariat aux langues officielles souligne que dans les situations de minorité, les employés ont souvent du mal à faire exercer leur droit à travailler dans leur langue.

Le rapport de l’an passé insistait déjà sur le rôle de leader que devrait jouer le gouvernement et celui qui vient de paraître est encore plus clair et demande au gouvernement de faire un rapport qui montrera où en sont les accords avec les communautés et si les financements sont à jour.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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