Radio-Canada a-t-elle pris partie dans le conflit israélo-libanais?

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Publié 29/08/2006 par Philippe Porée-Kurrer

Chaque jour, surtout depuis le début des confrontations directes Hezbollah-Israël, il me semble que la rédaction de Radio-Canada Internet a choisi de définir pour le lecteur qui sont les «bons» et les «méchants».

Des gros titres comme, dimanche dernier: «Sourds à la diplomatie, Israël redouble d’ardeur sur les fronts terrestres et aériens, au moins jusqu’à dimanche, après l’adoption d’une résolution de cessez-le-feu au Conseil de sécurité de l’ONU» en sont une illustration, mais il y en a tant d’autres.

Dans l’exemple présenté, il y a bien un «s» à «sourds», mais il n’est question dans la page titre que du redoublement d’ardeur israélien. On ne parle des roquettes du Hezbollah que beaucoup plus loin dans le corps du texte.

Aujourd’hui, alors que les grands quotidiens à vocation d’objectivité parlent d’une opération commando destinée à stopper une présumée livraison d’armes en provenance de la Syrie, le site de Radio-Canada reprend les termes évidemment politiques du président libanais et affirme sans aucune nuance: «Israël viole le cessez-le-feu».

Bien sûr, ce n’est jamais dit franchement, mais, jour après jour, ce sont toujours les mots qu’il faut pour diriger les sentiments du lecteur dans une direction voulue. Je n’interroge pas sur le choix partisan de la rédaction, mais il me semble que désigner implicitement un «méchant» dans un tel conflit alors que nous n’en sommes pas partie prenante en tant que société, c’est contribuer à ajouter de l’huile sur le feu de la haine.

Chacun peut évidemment et naturellement avoir ses sympathies selon sa culture ou sa philosophie, mais le rôle du rédacteur d’un organe public d’information est justement de commencer par oublier les siennes pour tenter de réfléchir la réalité toute nue sans manipuler les mots destinés à présenter les faits. Et ce n’est pas ce qui se passe sur le site Internet des nouvelles de Radio-Canada, qui à mon sens est devenu un outil de propagande sournoise.

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Je dis «sournoise», car Radio-Canada affiche haut et fort dans ses principes l’exactitude, l’intégrité et l’équité; en conséquence, nous sommes donc tous portés à faire confiance à ce que nous lisons, voyons ou entendons.

J’affirme cependant que Radio-Canada Internet a pris parti et tente de le faire partager. Pourtant, en désignant l’un des antagonistes comme le «méchant», l’autre se sent appuyé dans sa démarche guerrière et pense avoir la raison pour lui. Cette situation me tracasse d’autant plus que, en y contribuant, mes taxes financent par le fait même un peu plus de haine, un peu plus de destruction et toujours plus de souffrance pour tous.

Tout cela autour de deux peuples qui, au-delà des croyances, se ressemblent comme nul autre ne peut y prétendre et qui, ensemble, pourraient faire des merveilles.

Non! Lorsque deux frères se battent, le bon sens commun commande de ne pas utiliser les fonds publics pour en appuyer un contre l’autre. Dans le cas contraire, nous sommes tous les «méchants».

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