Si, au plus fort des années 1990, les provinces connaissaient une pénurie de médecins, liée en partie à un exode de la main d’œuvre vers les États-Unis, une étude de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) montre que la tendance s’est récemment inversée. En 2004, pour la première fois depuis des décennies, les médecins étaient plus nombreux à rentrer au pays qu’à s’exiler. Mais cela ne suffit pas. À l’échelle du Canada, le nombre de praticiens n’est toujours pas à la hausse. Tandis que la population augmente, les médecins vieillissent et la profession fait les frais d’une crise de vocation. Entre 2000 et 2004, le nombre de jeunes praticiens de moins de 40 ans a chuté de 13%.
Pour la population francophone en Ontario, le problème ayant trait à la pénurie de médecins vient se poser en termes différents. Ce qui, dans une province francophone comme le Québec, pouvait passer pour acquis – à savoir, l’accès à des soins de santé en français – relève ici encore du défi.
Au beau milieu des listes d’attentes qui n’en finissent plus, des praticiens toujours débordés, il s’agit de trouver un médecin qui, non seulement, accepte de nouveaux patients, mais qui, de surcroît, maîtrise suffisamment bien la langue de Molière. Et, dans bien des cas, ce n’est toujours pas une mince affaire.
«Bonjour docteur, je ne me sens pas bien….» Dans un cabinet de médecin, installé confortablement dans un fauteuil, le patient amorce un début de conversation. Comme lors de toute consultation, les 20 premières secondes sont cruciales. Ce sont elles qui vont permettre au praticien d’établir un premier diagnostique concernant le mal dont souffre le patient.
Mais que se passe-t-il si un patient francophone est nerveux, ne trouve pas ses mots, et a du mal à se confier à un docteur anglophone qui le comprend à moitié?