Que faire avec la Syrie?

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Publié 07/02/2013 par François Bergeron

La situation en Syrie devient catastrophique.

Chaque jour, les affrontements entre forces gouvernementales et rebelles font des dizaines de morts et de blessés: 60 000 morts depuis deux ans selon l’ONU.

De 2 à 4 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur ou réfugiées dans les pays voisins – en Jordanie notamment – manquant de tout.

Le régime Assad, une tyrannie de père en fils soutenue par la Chine, la Russie, l’Iran et le Hezbollah (qui sévit aussi au Liban), a toujours réprimé la dissidence. L’opposition reste cependant divisée entre factions islamistes encore plus détestables et partis démocrates non confirmés.

Personne ne veut s’interposer entre de tels combattants. Personne ne peut garantir que la chute du gouvernement et la prise de Damas par des rebelles amélioreraient les choses.

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Nucléair

La Turquie, membre de l’OTAN, est en état d’alerte afin de prévenir tout débordement chez elle de la guerre civile syrienne, tandis qu’Israël n’a pas hésité, la semaine dernière, à mener une frappe aérienne contre un convoi d’armes du Hezbollah près de Damas.

Israël, qui n’est pas membre de l’OTAN mais c’est tout comme, est toujours prêt à réagir aux développements menaçant sa sécurité. Déjà en 2007, l’État hébreu avait bombardé une centrale nucléaire syrienne en construction qui risquait, selon lui, de servir à la production d’armes atomiques.

Israël avait mené une première opération similaire en Irak, en 1981, contre un réacteur nucléaire en construction qui menaçait, là aussi, de donner l’arme suprême à un ennemi, le dictateur Saddam Hussein. (L’année précédente, l’aviation iranienne avait également endommagé des installations nucléaires irakiennes…)

On doit donc prendre au sérieux – et, franchement, saluer – la volonté des Israéliens d’empêcher l’Iran des ayatollahs et d’autres voisins instables d’acquérir l’arme atomique, surtout en regard des multiples tensions, animosités et paranoïas qui caractérisent cette région du monde.

Palestin

Il faut bien sûr travailler à réduire ces tensions, entre autres en s’occupant de la question palestinienne, qui figure toujours au sommet des revendications des gouvernements comme de la «rue» arabes.

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En échange de la reconnaissance de leur État, les Palestiniens doivent cependant comprendre que celui-ci n’administrera pas autre chose que la Cisjordanie et la bande de Gaza, et qu’il devra y faire régner la sécurité pour empêcher que ces territoires servent de bases terroristes.

Les dirigeants palestiniens ont déjà abandonné l’idée de faire rentrer des «réfugiés» de 1948 ou de 1967 à l’intérieur des frontières actuelles d’Israël.

Les voisins arabes – Jordanie, Liban, Syrie, Égypte – devraient contribuer à cette évolution en cessant de considérer comme des «camps de réfugiés» les quartiers de leurs villes où habitent des Palestiniens depuis des générations. Ceux-ci devraient être éligibles à la citoyenneté de ces pays «d’accueil», à moins bien sûr qu’ils choisissent de rentrer dans la nouvelle Palestine.

Printemps arab

On voit actuellement en Égypte et en Tunisie que les «révolutions» qui ont suivi le Printemps arabe de 2011 ont permis l’élection de gouvernements islamistes qui sont loin de faire l’unanimité.

Mais au moins, les Égyptiens et les Tunisiens ne peuvent plus blâmer «l’Occident» ou «les Américains» ou «les sionistes», et doivent trouver chez eux les solutions à leurs problèmes. On présume que les Syriens, quand ils seront fatigués de s’entretuer, prendront le même chemin.

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Pour le moment, Russes et Chinois s’opposent, au Conseil de sécurité des Nations-Unies, à toute intervention militaire étrangère en Syrie, au nom du respect de la souveraineté des États.

La vraie raison de cette obstruction, au-delà du maintien de liens commerciaux, est que la Russie et la Chine ne veulent pas créer de précédents qui pourraient un jour s’appliquer à une situation similaire chez eux.

Cela n’a cependant pas empêché l’OTAN, à l’initiative de la France, d’appuyer la révolte contre le colonel Mouammar Khadafi en Libye à l’automne 2011, qui a mené au renversement (et à la mort) du dictateur.

Mal

L’intervention française au Mali, qui a débuté le 11 janvier et qui vise à libérer le nord du pays de l’emprise de jihadistes, fait d’ailleurs suite à ces événements en Libye. Plusieurs jihadistes du Mali sont en effet d’anciens mercenaires à la solde de Khadafi.

En outre, certaines armes confisquées récemment par l’armée française au Mali proviendraient de stocks parachutés par la France à des «rebelles» libyens en 2011!

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Un tel survol de l’Afrique et du Moyen-Orient (il y a encore le Congo, la Somalie, l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan…) n’est guère réjouissant. Le Canada et ses alliés sont sollicités de toute part pour pacifier les zones de guerre, soigner les blessés, aider les réfugiés, promouvoir la démocratie. Comme il se doit, on y répond avec prudence et dans la mesure de nos moyens.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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