Dans des élections marquées par une hausse du taux de participation, George W. Bush a été réélu président des États-Unis le 2 novembre, avec une majorité du vote populaire cette fois. Son Parti Républicain a fait des gains au Sénat et à la Chambre des représentants, où il était déjà majoritaire.
C’est une victoire indéniable contre un adversaire cultivé et articulé, qui a tardé à attaquer le président de front mais qui a «gagné» les trois face-à-face télévisés avec lui. Les Américains n’ont donc pas tenu compte de l’avis des experts les plus respectés, ni des éditoriaux des plus grands journaux, encore moins du voeu de la majorité des citoyens et des dirigeants des autres pays.
Nos voisins du Sud connaissent leurs problèmes mieux que nous. Ils ont refusé d’en rejeter tout le blâme sur le président, surtout en l’absence d’alternatives crédibles. John Kerry, en effet, avait voté au Sénat pour la guerre en Irak, puis contre son financement, proposant maintenant de la «gagner» en y consacrant encore plus de ressources, tout en critiquant le déficit…
Par ailleurs, un George W. Bush résolument opposé au mariage gai incarnait davantage les valeurs et les travers des Américains moyens qu’un John Kerry contre-le-mariage-gai-personnellement-mais-pas-entant-que-législateur-et-donc-opposé-à- l’amendement-constitutionnel-proposé-par-le-président-parce-que-ça-relève-des-États…
Malheureusement, ce scrutin légitimise la doctrine de guerre «préventive», déstabilisatrice et ruineuse adoptée par la Maison Blanche (avec la complicité du Congrès et de Tony Blair) suite aux attaques islamistes du 11 septembre 2001 contre New York et Washington. Cette doctrine représente un changement de cap radical pour les États-Unis et un retour à la case de départ pour les pays démocratiques qui tentaient, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de créer un état international de droit.