Les marchés boursiers mondiaux ont vu s’évaporer la moitié de leur valeur depuis octobre 2007. L’énormité de cette perte n’est historiquement comparable qu’avec celle survenue lors de la Grande Dépression de 1929.
Bien que cette grave crise financière n’ait pas encore frappé de son plein fouet l’économie réelle, c’est-à-dire la consommation, l’investissement, l’emploi, etc., les économistes sont unanimes en ce qui concerne l’imminence d’une récession prolongée même s’ils ne sont pas toujours d’accord sur son ampleur.
Les raisons profondes de cette crise ne sont pas fondamentalement différentes de celles mises à jour par Karl Marx dans son analyse des crises cycliques au XIXe siècle.
Contrairement à d’autres économistes classiques, tels que Adam Smith, pour qui la poursuite de l’intérêt individuel devait conduire, comme une main invisible, au bien-être général, Marx pensait que la logique de l’exploitation de la force de travail devait inexorablement aboutir à une crise de surproduction. Il concluait par ailleurs que la polarisation de la société préparait le terrain pour l’avènement d’une autre forme d’organisation économique et sociale.
John Maynard Keynes, économiste britannique, en se servant de la théorie de Marx, a par contre tenté de donner un nouveau souffle au capitalisme. Son point de départ est le constat déjà formulé par Marx: dans l’économie de marché, l’offre (la production) n’est pas automatiquement absorbée par la demande. L’écart entre ce qui est produit et consommé peut conduire à une crise grave, d’où la nécessité pour l’État d’intervenir dans l’économie afin de soutenir la demande effective en corrigeant notamment le processus de distribution de la richesse.