Programme d’épargnes-études: un modèle d’intégration sociale et économique

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Publié 27/01/2009 par Annik Chalifour

Un récent sondage auprès des communautés ethnoculturelles de la région de Toronto, mené par La Passerelle I.D.É (Intégration et Développement Économique), révèle que nombreuses sont les familles nouvelles arrivantes qui ne connaissent pas la réalité de notre système d’éducation. Plusieurs nouveaux arrivants ne sont pas familiers avec la notion d’épargne à long terme en vue d’aider leurs enfants à compléter des études postsecondaires ou universitaires dont les frais de scolarité grimpent d’année en année. Léonie Tchatat, directrice générale de La Passerelle rencontrée par L’Express, explique les visées du nouveau programme d’épargnes-études que l’organisme vient de mettre en place.

Au cours de leurs études secondaires, tous les jeunes d’ici se retrouvent confrontés au défi de choisir ce qu’ils feront suite à l’obtention de leur diplôme. Jusque là, une majorité de parents auront bénéficié d’avoir pu envoyer leurs enfants à l’école gratuitement selon notre système d’éducation. Puis la situation se corse pour certains… On réalise que la poursuite des études au palier postsecondaire ou universitaire ne peut se concrétiser qu’avec un budget prévu en conséquence…

Les parents avisés auront su économiser la somme nécessaire au cours de plusieurs années, pour pouvoir aider leur enfant financièrement lorsque le temps sera venu, pour elle ou lui, de passer à cette prochaine étape de vie. Soit celle de poursuivre des études postsecondaires ou universitaires, considérées comme la clé de l’inclusion économique dans notre société contemporaine.

Situation financière

Bien que les options des élèves détenteurs d’un diplôme d’études secondaires soient multiples, elles dépendent directement de leur situation financière. Certains n’ont pas d’autres choix que d’aller directement sur le marché du travail afin d’économiser pour continuer leurs études plus tard. D’autres décident de soumettre une demande de prêt au gouvernement qu’ils devront rembourser une fois leurs études complétées: une situation pénible d’endettement qui durera des années. Quelques-uns obtiendront peut-être une bourse d’études grâce à leur succès académique. Plusieurs autres restent à la dérive, faute de n’avoir pas planifié à l’avance ni de pouvoir obtenir le soutien financier de leurs parents…

«Notre nouveau programme d’épargnes-études vise à sensibiliser et à conscientiser les familles immigrantes à l’importance d’épargner à long terme en vue de pouvoir aider leurs enfants lorsqu’ils seront rendus à l’étape cruciale de poursuivre des études postsecondaires», explique Léonie Tchatat, directrice générale de La Passerelle I.D.É.

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«Beaucoup d’immigrants récemment établis dans la région de Toronto ne connaissent pas cet aspect de la vie canadienne. Le concept de planification financière à long terme n’existe tout simplement pas dans le contexte de vie d’où proviennent ces familles nouvelles arrivantes issues de différents pays francophones d’Afrique, des Antilles ou d’Asie. De plus, les immigrants n’ont reçu aucune information à ce sujet avant leur arrivée au Canada» ajoute-t-elle.

Le programme d’épargnes-études de La Passerelle I.D.É a démarré l’an dernier pour se dérouler jusqu’en 2011. «Nous avons commencé par identifier les besoins des communautés ethnoculturelles de la grande région de Toronto», mentionne Mme Tchatat.

Approche culturelle

Le programme se compose d’une série d’ateliers gratuits et conçus sur mesure afin de répondre adéquatement aux besoins des familles nouvelles arrivantes dont la situation financière varie de l’une à l’autre. «Le programme fournit un accompagnement personnalisé procuré par le biais de nos partenaires de la banque Toronto Dominion et du ministère des Ressources humaines», précise la directrice de La Passerelle.

«La réussite de notre programme exige d’emprunter une démarche culturelle et sensible à l’adaptation des familles immigrantes à la vie canadienne. Dans cette optique, nous offrirons toute une gamme d’ateliers touchant les multiples aspects de la gestion budgétaire. Les parents doivent d’abord assurer leur stabilité financière avant de pouvoir épargner pour des études que leurs enfants poursuivront dans plusieurs années. Nous encourageons les parents à débuter par l’épargne d’une modeste somme. Par exemple 20 $ par enfant par mois», indique Léonie Tchatat.

Toutefois, 20 $ par mois peut déjà représenter une certaine somme pour certains, si l’on pense qu’un parent devra épargner 40 $ par mois pour deux enfants âgés entre deux et cinq ans au cours d’une quinzaine d’années.

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Consolider les efforts

Le premier atelier, sous forme d’une session d’information, a été tenu le 22 janvier dans un local du Collège Boréal situé au 22 rue College. Une vingtaine de participants y ont assisté. Quatre ateliers qui s’adressent à tous les nouveaux arrivants francophones établis dans la grande région de Toronto seront offerts en février 2009. Ils seront animés par divers experts issus de la banque Toronto Dominion, du gouvernement, et d’organismes francophones.

«Par exemple, il faut consolider nos efforts et combiner nos activités avec le Centre francophone qui offre déjà des ateliers de formation en gestion financière aux nouveaux arrivants, puisque nous desservons la même clientèle», conclut la directrice de La Passerelle.

La Passerelle I.D.É est un organisme à but non lucratif créé en 1990, dont le mandat vise à appuyer l’intégration des immigrants et de projets axés sur le développement économique.

Info: [email protected]

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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