Le conseil municipal de Toronto, pourtant dominé par des socialistes et des multiculturalistes souvent hostiles aux politiques des gouvernements Harper et Bush, a autorisé récemment les pompiers à apposer sur leurs camions des autocollants « Support Our Troops » affichant leur appui moral aux soldats canadiens opérant en Afghanistan.
On peut bien sûr être patriotique et appuyer nos soldats, c’est-à-dire souhaiter leur succès et prier pour qu’aucun d’entre eux ne soit tué ou blessé, sans pour autant approuver la mission de combat dans laquelle ils sont engagés, ni même la présence des forces de l’OTAN en Afghanistan. Plusieurs opposants à la guerre expliquent d’ailleurs que leur volonté de rapatrier nos soldats d’Afghanistan constitue le meilleur appui qu’on puisse leur manifester.
Le retrait des forces américaines, britanniques et canadiennes d’Afghanistan, d’Irak, de l’océan Indien et de la Méditerranée est peut-être aussi le meilleur appui qu’on puisse offrir aux populations de ces régions qui, laissées à elles-mêmes, ne pourront plus nous blâmer pour tous leurs problèmes. Il faut cependant rester cohérent et, quand on exige un désengagement de l’OTAN de l’Afghanistan, ne pas ensuite réclamer son intervention si un nouveau gouvernement auquel participeraient les Talibans ferme les écoles de filles.
Logiquement, on ne peut pas approuver ces guerres d’Afghanistan et d’Irak sans appuyer nos soldats. Le slogan « Support Our Troops » signifie donc plus souvent « Support Our War ».
Nos conseillers municipaux et le maire David Miller le savent parfaitement mais ils ont jugé prudent de minimiser la controverse en cédant aux pompiers – qui avaient déjà commencé à décorer leurs camions – surtout que le vote s’est tenu le jour où trois soldats canadiens ont été tués dans l’explosion d’une mine sur le passage de leur véhicule sur la route considérée sécuritaire d’un avant-poste à l’ouest de Kandahar.