La hausse du prix du pétrole qui, début juillet, a failli atteindre la barre de 150 $ le baril avant de se replier, est considérée comme l’événement économique le plus important en 2008, tout comme la crise boursière provoquée par les prêts hypothécaires à risque (subprime) il y a presque un an. Cette flambée des prix du pétrole s’est produite à une période où l’économie mondiale est en proie à la récession et montre des signes de ralentissement.
Certains n’ont pas hésité à parler du 3e «choc pétrolier», après celui de 1974 qui a coïncidé avec le quadruplement du prix du baril à la suite de la 4e guerre israélo-arabe de Kippour ou celui de 1979-80 qui a suivi la révolution iranienne.
Comme lors de la crise économique généralisée des pays industriels importateurs de pétrole en 1974-76, certains n’hésitent pas à attribuer la responsabilité de la stagflation en cours aux tensions politiques au Moyen-Orient qui seraient à l’origine de la forte hausse du prix du pétrole, à la fois source d’énergie et matière première stratégique. À l’appui de cette thèse, ils évoquent les propos incendiaires du président de la République islamique d’Iran à l’encontre d’Israël et sa menace de fermer le détroit d’Hormuz d’où transitent près de 40 % du pétrole consommé dans le monde en cas d’agression contre son programme nucléaire.
Qu’en est-il au juste? Le prix du pétrole est-il une donnée dont l’évolution reflète uniquement la conjoncture politique dans les pays exportateurs qui pour la plupart se trouvent dans des régions connues pour être très instables? Cette idée trouve une première justification dans le fait que les augmentations historiques du prix du pétrole se sont produites lors des crises politiques aiguës dans les pays exportateurs.
Par ailleurs, depuis l’apparition de l’industrie pétrolière internationale (IPI), la formation des prix des hydrocarbures porte l’empreinte des rapports de force conflictuels de ceux qui participent à ses activités, c’est-à-dire essentiellement les États exportateurs qui détiennent la propriété des gisements, les grandes compagnies pétrolières internationales dont les activités depuis l’exploration jusqu’à la distribution à la pompe sont fortement intégrées et finalement les États des pays importateurs qui prélèvent d’importants impôts sur les produits raffinés.