Prévenir l’épidémie d’Alzheimer, ça presse!

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Publié 30/10/2012 par Annik Chalifour

«Quand j’ai commencé dans les années 1970, on parlait de démence. Aujourd’hui, on peut identifier une douzaine de différentes sortes de maladies associées à la démence. Et surtout, nous voyons les gens de plus en plus tôt.»

C’est ce que déclarait le Dr Guy Proulx, neuropsychologue et professeur titulaire au Département de psychologie du Collège Glendon, à la tribune de l’Alliance française de Toronto (AFT) de North York, mercredi 24 octobre.

Son allocution sur les problématiques du vieillissement était proposée dans le cadre des conférences organisées par l’AFT en collaboration avec la Société d’Histoire de Toronto.

Le Dr Proulx est spécialisé en neuropsychologie cognitive, centrée sur l’étude de la relation entre le cerveau et le comportement, les interactions entre les structures du cerveau et les habiletés cognitives tels la mémoire, le langage et l’attention.

Bombe à retardement

«Nous pourrions faire face à une forte épidémie. La maladie d’Alzheimer est une bombe à retardement dans les têtes des baby-boomers», dit-il. «Nous devons la désamorcer avant qu’elle explose et détruise nos capacités intellectuelles. Le temps presse…»

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«Heureusement on a raffiné nos outils et on peut voir des gens cinq ans avant qu’ils ne manifestent les symptômes de la maladie d’Alzheimer. C’est tout un monde qui se développe. L’important, c’est d’arriver à voir les gens à risque beaucoup plus tôt.»

Mais vieillir demeure un changement au cours du temps et les maladies associées au vieillissement ne dérivent pas exclusivement d’une pratique de mauvaises habitudes de vie, a rappelé le Dr Proulx. «Ces maladies sont le produit d’un bagage génétique qui est conçu pour une durée limitée.»

Plusieurs systèmes de mémoires

Il y avait en 2010, 9000 centenaires au pays. On prédit qu’il y en aura 80 000 en 2050, a mentionné le Dr Proulx. Certes la population canadienne vieillit. Mais comment vieillir longtemps et en santé?

Au Canada, on réussit à maintenir une bonne santé en moyenne jusqu’à l’âge de 72 ans et l’espérance de vie atteint l’âge de 80 ans. Cette espérance pourrait grimper jusqu’à 88 ans, selon le neuropsychologue, «en détectant plus tôt les symptômes des troubles cognitifs, comme par exemple les problèmes de mémoire.»

Mais comment savoir laquelle de nos mémoires fait défaut puisque nos systèmes de mémoires sont nombreux, d’expliquer le Dr Proulx, «dont notre mémoire de rétention à court terme, notre mémoire sémantique, épisodique, procédurale et perceptive», a-t-il cité.

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Voici quelques indices pouvant nous aider à repérer des troubles cognitifs chez autrui: «La personne oublie le nom d’un membre de sa famille, qu’elle est allée au magasin, se répète quelques secondes plus tard, est incapable de calculer un pourboire de 15% après un repas au restaurant, ne sait pas où elle est.»

Par ailleurs, le Dr Proulx a également insisté sur le fait que «la maladie d’Alzheimer arrive rarement seule, c’est-à-dire sans autres diagnostics co-existants».

Investir dans la recherche

Notre compréhension des éléments accélérateurs du vieillissement – la cigarette, l’alcool, la malbouffe, l’inactivité physique – surpasse de beaucoup notre compréhension des forces ‘décélatrices’ du vieillissement.

«On pourrait allonger l’espérance de vie de 8 à 10 ans, s’il y avait pour tous un système d’immunisations de base, une élimination de comportements nocifs, de l’activité physique régulière, le port de la ceinture de sécurité dans les autos, des pratiques sexuelles responsables, un accès aux services de santé de base, mais aussi un appui aux travaux de recherche pour trouver une solution à la maladie d’Alzheimer.»

Centres-mémoire

Le Dr Proulx a commencé en 1967 à agir dans le monde des personnes âgées et n’a jamais cessé depuis. Il a décidé très jeune d’étudier la neuropsychologie – «une fenêtre incroyable sur l’esprit humain» – parce qu’il s’intéressait et s’intéresse toujours passionnément aux changements cognitifs associés aux troubles neurologiques chez les personnes vieillissantes.

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Depuis son arrivée en 2009 comme professeur titulaire au Collège Glendon, il a mis sur pied un programme de stages de recherche appliquée en français. Cet outil est aujourd’hui utilisé dans plusieurs centres universitaires anglophones en Amérique.

Rappelons que, dans la région du Grand Toronto, il n’y a que 37 lits dits «francophones» pour les personnes atteintes de démence ou d’Alzheimer. «Mon rêve est de mettre sur pied des ‘centres-mémoire’ dans des endroits comme le Centre Omer-Deslauriers.»

Selon le Dr Proulx, ces programmes permettraient à des gens avec des troubles de mémoire légers – grâce à des programmes de jour dans les Centres de soins de longue durée – de se familiariser avec le continuum des soins et de demeurer plus longtemps dans leur communauté.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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