Le rapport Drummond est une oeuvre monumentale qui pèche parfois par les mêmes excès qu’il cherche à corriger dans les services publics de l’Ontario: plusieurs de ses 362 recommandations se recoupent ou énoncent des évidences superflues en cherchant à tout couvrir. Mais cet exercice original était nécessaire, salutaire.
Dans un monde idéal, il aurait dû être mené par un parti politique qui n’aurait pas eu peur de dire la vérité à la population, par un grand journal ou un institut de recherche, ou encore par le vérificateur général ou le ministère des Finances de temps en temps.
Sachant parfaitement à qui il avait affaire en Don Drummond, économiste qui a été au service du ministère fédéral des Finances sous Paul Martin à une époque où il fallait juguler un endettement chronique – ce qui a été fait – le gouvernement McGuinty a trouvé là un excellent moyen de relancer le débat sur les finances publiques. Le rapport fournit un bon prétexte aux partis politiques – à commencer par le Parti libéral au pouvoir – de se débarrasser de vieux tabous et de considérer de nouvelles idées.
Tous les «nerds» de la politique, ce qui comprend beaucoup de journalistes, ont rêvé secrètement de décrocher un tel contrat: «nous pencher sur presque toutes les activités du gouvernement et réfléchir sérieusement à la façon d’améliorer son mode de fonctionnement».
La Grèce
Cette démarche est motivée par un constat inquiétant: les derniers budgets de l’Ontario reposent (délibérément, frauduleusement) sur des prévisions de croissances économiques beaucoup trop optimistes.