La semaine dernière, Jean-François Fillion et André Arthur n’étaient que deux grandes gueules à qui un propriétaire de radio sans scrupules avait donné un micro. Aujourd’hui, grâce à la décision du CRTC de retirer à CHOI-FM sa licence de radiodiffusion dans la région de Québec, ces deux animateurs et leur patron sont les nouveaux martyrs de la liberté d’expression au Canada!
CHOI-FM serait la station de radio la plus écoutée à Québec, autant pour son choix musical que pour ses émissions d’affaires publiques et de lignes ouvertes. L’agence fédérale de règlementation des ondes a ordonné sa fermeture parce qu’elle n’a pas aimé des propos qu’on y a tenus…
Propos qui, effectivement, ont parfois versé dans les pires bassesses: appel à l’euthanasie des déficients mentaux; commentaires juvéniles sur les seins d’une animatrice de télévision; amalgames douteux sur les dictatures du tiers-monde et les étudiants étrangers chez nous; encouragements à des activités propres aux Bougon; attaques féroces contre un compétiteur empêtré dans un scandale de moeurs…
Rien de bien nouveau ou original, malheureusement, considérant le niveau de civilité et la qualité des débats publics dans notre pays où les émissions de «télé-réalité» ratissent les plus hautes cotes d’écoute. Fillion et Arthur n’ont jamais détenu le monopole de la vulgarité. On a entendu et on n’a pas fini d’entendre des insanités sur les ondes de nombreuses radios et télévisions, sur scène ou sur disque, dans des journaux et des livres, sur Internet ou dans la rue.
Tentation totalitair
Mais le Canada, à ce que je sache, n’est pas encore une république islamique ou une dictature communiste où les bien-pensants au pouvoir réprimeraient sévèrement toute dissidence et toute critique. On a le droit de se tromper et de dire des idioties. C’est une liberté fondamentale inaliénable, pas un privilège consenti par le gouvernement.