Comme plusieurs autres observateurs et intervenants de la scène politique canadienne, et depuis qu’on discute de réforme constitutionnelle ou de modernisation de nos institutions – donc depuis toujours – je prône l’abolition du Sénat.
Ça aurait pu se faire sous Pierre Trudeau en même temps que le rapatriement de la Constitution, ou sous Brian Mulroney à la faveur de Meech, ou plus modestement sous Jean Chrétien ou Stephen Harper en s’occupant de la question isolément.
Mais comme on le sait, ça ne s’est pas fait, surtout à cause de Preston Manning, une étoile filante qui rêvait, entre autres stupidités, d’un Sénat «triple E»: égal (le même nombre de sénateurs pour chaque province), élu (directement par la population) et efficace (comme aux États-Unis). Cette distraction a momentanément divisé la minorité de Canadiens qui s’intéressent à la chose en abolitionnistes et en réformistes.
Aujourd’hui, grâce aux scandales de dépenses des sénateurs conservateurs de CTV, les abolitionnistes gagnent du terrain et pourraient désormais compter dans leurs rangs le premier ministre Stephen Harper, désespérément en quête d’une solution finale à ce fiasco.
Il y a deux ans déjà, le gouvernement fédéral a formellement demandé à la Cour suprême du Canada s’il pouvait agir seul sur ce front. C’est finalement à partir du 12 novembre que le plus haut tribunal pays entendra les arguments des uns et des autres sur la question. Un verdict ne tombera pas avant plusieurs mois.