Pour en finir avec 
les crimes d’honneur

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Publié 20/07/2010 par Darnace Torou

Le 12 juillet, à Mississauga, Rona Ambrose, ministre des Travaux publics et ministre de la Condition de la femme a présidé la publication par le Frontier Centre for Public Policy du rapport produit par Mme Aruna Papp qui s’intitule «Culturally Driven Violence Against Women» (La violence d’origine culturelle contre les femmes). Ce rapport explore le défi que représente l’émergence de la violence d’origine culturelle contre les femmes.

L’évènement a eu lieu au «Punjabi Community Health Services», un choix qui n’est pas anodin, puisque se situant non loin du site de l’assassinat perpétré par Kamikar Singh Dhillon contre sa belle-fille Amandeep Kaur, le 1er janvier 2009.

Il la soupçonnait de vouloir abandonner son époux pour un autre homme, ce qui serait une humiliation pour la famille.
Mme Ambrose a donné le ton, en ces termes: «Je compte étudier ce rapport, car il traite d’un important problème auquel il faut faire face.»

Qu’appelle-t-on crimes d’honneur et quel en est l’ampleur ?
L’organisation Human Rights Watch en donne la définition suivante: «Les crimes d’honneur sont des actes de violence, le plus souvent des meurtres, commis par les membres masculins d’une famille à l’encontre de ses membres féminins, lorsqu’ils sont perçus comme cause de déshonneur pour la famille tout entière.

Une femme peut être la cible d’individus au sein de sa propre famille pour des motifs divers, comprenant: le refus de participer à un mariage arrangé, le refus des faveurs sexuelles, la tentative de divorce — que ce soit dans le cadre de la violence conjugale exercée par son mari ou dans un contexte avéré d’adultère. La simple interprétation selon laquelle son comportement a «déshonoré» sa famille est suffisante pour enclencher une représaille.»

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Selon le site PopulationData, environ 5000 femmes et jeunes filles sont victimes d’un crime dit «d’honneur» chaque année.

Les moyens mis en œuvre pour assassiner sont légions: tortures, mains coupées, lacérations, brûlures, jets d’acide (surtout au visage), armes à feu, poignards et armes blanches, lapidation, éventrations, décapitations, immolations par le feu, coups divers avec les poings, des objets, viols collectifs, coups de hache, strangulations, étouffements, noyades, pendaison etc…

Pour sa part, le Rapporteur spécial de l’ONU reconnaît que des «crimes d’honneur ont été signalés en Égypte, en Iran, en Jordanie, au Liban, au Maroc, au Pakistan, en Syrie, en Turquie et au Yémen et ont eu lieu en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et au Canada».

M. Farrukh Saleem du quotidien pakistanais Daily Times, cité par Annie Lessard et Marc Lebuis (Point de bascule du 30 Décembre 2007), estime que «le crime d’honneur est notre exportation vers le Canada».

Dans son rapport de 21 pages, Mme Papp a recensé 12 cas depuis 2002 au Canada. Elle observe, entre autres, qu’un sondage effectué en 1999 sur la violence conjugale révélait une forte prévalence en milieu migrant originaire des pays en développement. D’autres recherches ont mis en exergue un contrôle rigide exercé par les hommes dans certaines communautés de l’Asie du Sud sur les femmes.

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Mme Papp note que ces communautés ont choisi le Canada à cause de ses valeurs mais conservent des pratiques patriarcales.

Ce rapport met en lumière une situation inacceptable, interpellant tout le monde. La Charte des droits et des libertés ne peut s’accommoder des pratiques d’un autre âge.

C’est pourquoi «le meurtre ou la mutilation d’une personne, par-dessus tout d’un membre de sa famille, est inacceptable, quelles que soient les circonstances, et les personnes qui commettent de tels actes seront poursuivies avec toute la rigueur de la loi», comme le rappelle si bien Mme Ambrose.

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