«Les Québécois sont-ils capables de débattre?» C’est la question intrigante que posait récemment le chroniqueur Étienne Boudou-Laforce du magazine internet bilingue Ricochet, en sous-titrant que «l’espace public au Québec est asphyxié par une culture du politiquement correct, mais également par des enjeux identitaires et médiatiques qui nuisent au dialogue».
C’est sans doute une problématique qu’on rencontre aussi en Ontario et dans plusieurs autres démocraties. 2015 a d’ailleurs été une année de crisettes liberticides sur les campus américains, et rien n’indique que les jeunes en ont retenu une meilleure appréciation du Premier Amendement de leur Constitution.
Les Français, aussi, ont traversé 2015, qui avait commencé par la tuerie à Charlie Hebdo et fini par celle du Bataclan, sans remettre en question leurs lois sévères (comparées aux nôtres) criminalisant l’expression d’opinions qui froissent certaines sensibilités.
Pendant une seconde, j’ai cru que j’allais lire dans Ricochet un rare plaidoyer en faveur de l’élargissement des cadres du débat public au profit d’un réel pluralisme des idées qui sont débattues dans nos médias, un appel au civisme et au remplacement des insultes par une écoute sérieuse de ce que l’Autre (pas l’Ennemi) a à dire.
Fausse alerte.