Polémique, blasphème et démocratie au Collège français

#Je suis Charlie: un an déjà

Le consul général de France à Toronto, Marc Trouyet, avec des élèves du Collège français.
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Publié 07/01/2016 par François Bergeron

Des jeunes du Collège français ont discuté de liberté d’expression avec le consul de France à Toronto, Marc Trouyet, ce jeudi 7 janvier, un an exactement après la tuerie au journal satirique Charlie Hebdo.

L’événement avait été organisé justement pour commémorer ces attentats islamistes qui avaient secoué la France, suscité des manifestations de solidarité à travers le monde, et relancé le débat sur la liberté d’expression, notamment sur le droit pour les caricaturistes de se moquer des religions.

Les attaques du 13 novembre dernier, toujours à Paris, contre une salle de concert, des cafés-terrasses et un stade de soccer, qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés (contre 20 morts les 7, 8 et 9 janvier), visaient cette fois toute la population et tous les aspects de la culture occidentale.

À ces deux occasions, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées en face de l’Hôtel de Ville de Toronto pour exprimer leur soutien aux Français.

M. Trouyet a souligné qu’une mission essentielle de nos démocraties est de permettre à des citoyens représentant une grande diversité d’idées politiques et de croyances religieuses de vivre ensemble. Notre État de droit, a-t-il expliqué aux jeunes, permet aux gens de régler leurs différents pacifiquement, devant les tribunaux, plutôt que par la violence et les armes.

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«Ce qui était visé» dans les attentats de janvier et de novembre en France, «ce sont ces principes démocratiques et ce multiculturalisme».

Les étudiants ont suivi cette présentation sans interrompre et ont posé moins de questions que les enseignants ou le nouveau directeur de l’Éducation du conseil scolaire Viamonde, Martin Bertrand.

Au sortir de la rencontre, plusieurs jeunes se sont toutefois dits très intéressés par ces enjeux, notamment par l’équilibre entre la liberté de pratiquer une religion et celle de critiquer les religions, de même que par la démarcation entre l’expression légitime d’idées et l’incitation criminelle à la violence.

«Les états démocratiques sont constamment en train d’articuler ces droits», a indiqué le consul de France. «Nous sommes aussi toujours en train de rechercher un équilibre entre liberté et sécurité», a-t-il répondu à un commentaire sur l’état d’urgence, la surveillance policière et autres Patriot Act.

Au cours des 20 dernières années, a fait valoir le consul, l’hebdomadaire Charlie Hebdo n’a fait que rarement sa une sur la religion (10%) et encore plus rarement sur l’islam en particulier (1,3%), la consacrant plus souvent aux enjeux politiques et sociaux. On a poursuivi ce journal devant les tribunaux à une cinquantaine de reprises, ce qui s’est soldé neuf fois par une condamnation (une amende), quoique jamais pour discrimination contre l’islam.

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Citant l’universitaire français Olivier Roy, Marc Trouyet a conclu son intervention en soulignant que les récentes tragédies de Charlie Hebdo et du Bataclan montrent que nous assistons non pas à une «radicalisation de l’islam», mais plutôt à une «islamisation des radicaux».

«Il y a une minorité de radicaux dans toutes les sociétés», dit-il; «aujourd’hui, ils sont fascinés par le terrorisme d’al-Qaïda ou de DAESH; demain, ce sera une autre cause»…

* * *

À lire aussi dans L’Express: La satire dégonfle la rectitude

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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