Michael Ignatieff a passé la plus grande partie de sa vie professionnelle à l’extérieur du Canada, enseignant dans les plus grandes universités. Il avait approuvé l’invasion américaine de l’Irak, a fortiori la mission canadienne en Afghanistan, bien qu’il condamne aujourd’hui «l’incompétence» des Américains. Le bombardement israélien de Cana, au Liban, «ne l’a pas empêché pas de dormir»… Oups! non, c’est plutôt un «crime de guerre»… Il reconnaîtrait le Québec comme une «nation» dans la Constitution canadienne, ce qui n’empêcherait pas le Canada de rester le «pays» des Québécois… Son français est presqu’aussi bon que celui de Bob Rae.
Bob Rae a été Premier ministre de l’Ontario pendant quatre années turbulentes et ruineuses dont il aurait tiré des leçons (lesquelles? mystère). Il était contre l’invasion de l’Irak mais pour la mission canadienne en Afghanistan. Son appui à Israël est aussi indéfectible que celui du Premier ministre Stephen Harper; c’est même en partie pour cela qu’il s’est éloigné du NPD, bien que ce n’est que cette année qu’il a acheté sa carte de membre du Parti Libéral. Ce n’est pas lui qui rouvrira le débat constitutionnel. Son anglais est presqu’aussi bon que celui d’Ignatieff!
Stéphane Dion est le Libéral loyal et loyaliste par excellence. Il a été l’architecte de la «loi sur la clarté» et de l’attitude qu’on a appelée le «plan B» contre le séparatisme québécois, concocté après le référendum de 1995 que les fédéralistes ont failli perdre parce qu’ils n’avaient pas de «plan A» (ils n’en ont toujours pas). Il s’est recyclé – passez-moi le jeu de mots – en environnementaliste et se présente comme le plus «vert» des candidats libéraux.
Gerard Kennedy a été ministre de l’Éducation de l’Ontario. Ce n’est pas rien, mais avant cela, son cv était plutôt mince: son père a été député libéral dans l’Ouest du pays; lui a géré une banque alimentaire avant de se lancer en politique ontarienne. Il est encore jeune. On ne lui connaît aucun ennemi. Il n’a jamais commis de gaffe politique majeure. Son français est aussi approximatif que l’anglais de Stéphane Dion.
Les quatre principaux candidats à la direction du Parti Libéral du Canada ont donc chacun certains handicaps face au Premier ministre Harper, que l’un d’eux aura à affronter lors d’élections générales dès l’hiver ou le printemps prochain. Le chef conservateur est loin d’être parfait lui-même, mais son action au gouvernement a éclipsé son passé controversé, et ses politiques – de la réduction de la TPS à la promotion de l’intervention en Afghanistan, en passant par les réticences face au mariage gai et au Protocole de Kyoto – ont au moins le mérite d’être clairement conservatrices. Et son français, déjà correct, continue de s’améliorer.