Comprenne qui pourra: en raison de la popularité de son projet de Charte de la laïcité, le Parti Québécois a d’excellentes chances de former un gouvernement majoritaire le 7 avril prochain, malgré sa piètre performance en matière de création d’emplois et de gestion des finances publiques.
Mais tous les sondages démontrent que ce sont les questions économiques – les «vraies affaires», comme dit le Parti libéral – qui préoccupent les Québécois, pas les enjeux identitaires ou constitutionnels.
Et l’entrée en scène messianique, la semaine dernière, du magnat de la presse et du câble Pierre Karl Péladeau, comme candidat du PQ, aussi bénéfique soit-elle à long terme pour la cause souverainiste, introduit à court terme, c’est-à-dire pour ce scrutin, un risque inédit – calculé, certes – dont on ne croyait pas Pauline Marois capable.
L’arrivée de PKP, saluée par les ténors du PQ, ministres et ex-premiers ministres, fait plus que compenser pour le départ en 2009 de François Legault, le chef de la Coalition Avenir Québec, une autre personnalité du monde des affaires, qui ne croyait plus possible de recentrer le PQ en le débarrassant de son préjugé défavorable au capitalisme et à l’entreprenariat.
On dira maintenant que François Legault aurait dû prendre son mal en patience: sa CAQ risque d’être rayée de la carte le 7 avril, les nationalistes plus conservateurs ayant désormais un champion au PQ. PKP est d’ailleurs candidat dans Saint-Jérôme, la circonscription de la vedette caquiste Jacques Duchesneau, ancien chef de police et «monsieur net» de la politique, qui abandonne le navire après un seul mandat.