PKP recentre le PQ

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Publié 18/03/2014 par François Bergeron

Comprenne qui pourra: en raison de la popularité de son projet de Charte de la laïcité, le Parti Québécois a d’excellentes chances de former un gouvernement majoritaire le 7 avril prochain, malgré sa piètre performance en matière de création d’emplois et de gestion des finances publiques.

Mais tous les sondages démontrent que ce sont les questions économiques – les «vraies affaires», comme dit le Parti libéral – qui préoccupent les Québécois, pas les enjeux identitaires ou constitutionnels.

Et l’entrée en scène messianique, la semaine dernière, du magnat de la presse et du câble Pierre Karl Péladeau, comme candidat du PQ, aussi bénéfique soit-elle à long terme pour la cause souverainiste, introduit à court terme, c’est-à-dire pour ce scrutin, un risque inédit – calculé, certes – dont on ne croyait pas Pauline Marois capable.

L’arrivée de PKP, saluée par les ténors du PQ, ministres et ex-premiers ministres, fait plus que compenser pour le départ en 2009 de François Legault, le chef de la Coalition Avenir Québec, une autre personnalité du monde des affaires, qui ne croyait plus possible de recentrer le PQ en le débarrassant de son préjugé défavorable au capitalisme et à l’entreprenariat.

On dira maintenant que François Legault aurait dû prendre son mal en patience: sa CAQ risque d’être rayée de la carte le 7 avril, les nationalistes plus conservateurs ayant désormais un champion au PQ. PKP est d’ailleurs candidat dans Saint-Jérôme, la circonscription de la vedette caquiste Jacques Duchesneau, ancien chef de police et «monsieur net» de la politique, qui abandonne le navire après un seul mandat.

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Inversement, pour les communistes-féministes-souverainistes de Québec solidaire, c’est Noël!

Avant PKP, le parti de Françoise David et Amir Khadir ne pouvait espérer faire mieux que la dernière fois, 6% des suffrages et 2 députés. Mais le pedigree anti-syndical de PKP rebutera un certain nombre d’électeurs péquistes pour qui la souveraineté n’était qu’un moyen d’instaurer un socialisme pur et dur. QS les accueillera à bras ouverts.

D’autres sympathisants péquistes, mais secrètement fédéralistes, appuieront les Libéraux, dont le programme économique et social n’a jamais été très différent de celui du PQ de toute façon (d’où le besoin de l’ADQ, puis de la CAQ, ces dernières années).

L’arrivée de PKP a d’ailleurs galvanisé les Libéraux de Philippe Couillard, qui, jusque-là, ne savaient pas comment détourner le débat sur la Charte de la laïcité vers un débat sur un troisième référendum, que le PLQ a toujours préféré à un débat sur l’économie.

Le calcul de Pauline Marois est simple: le PQ a plus de nouveaux électeurs à gagner du côté de la CAQ que du côté de QS. Ce calcul repose sur les résultats des dernières élections, très décevants pour le PQ après des mois de contestations du gouvernement Charest dans les rues, alors qu’un ancien ministre péquiste (Legault) s’est interposé entre le PQ et la majorité parlementaire.

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Ironie du sort, la CAQ était déjà en difficulté avant le saut de PKP au PQ. Déranger ainsi les électeurs péquistes dans leurs petites habitudes n’était peut-être pas nécessaire.

Le Canada anglais est sur les dents, bien sûr, ce qui est toujours divertissant.

Les médias psychanalysent PKP: Quel homme d’affaires serait assez fou pour vouloir «briser» le Canada? Qui plus est, le propriétaire des Sun et de Vidéotron, qui veut percer au Canada anglais…

On cherche déjà un «Capitaine Canada» (Justin Trudeau!?) pour diriger la campagne fédéraliste lors d’un troisième référendum, que la perspective d’une victoire électorale péquiste rend tout à coup imminent.

Les médias québécois, eux, présentent déjà PKP comme le Lucien Bouchard du troisième référendum, c’est-à-dire le porte-parole le plus écouté des souverainistes, celui qui négocierait avec le Canada anglais en cas de victoire du oui.

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Entre cette campagne québécoise enlevante, celle qui sera peut-être déclenchée en Ontario dans quelques semaines, le scrutin municipal d’octobre à Toronto et l’offensive permanente des Conservateurs fédéraux contre leur opposition, les mordus de la politique en ont pour leur argent cette année.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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